Stratégiques, faux-culs, hiérarchiques… Quels vœux présenterez-vous ?

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Depuis quelques jours, vous l'avez tous remarqué, nos boites mail sont envahies de souhaits de bonne et heureuse année 2019. Sont-ils sincères ? Certainement pas tous, car ils répondent avant tout à des règles sociétales qui ne sont pas forcément dépourvues d'intérêts économiques. Les vœux sont à la nouvelle année ce que les bougies sont à un gâteau d'anniversaire. Indispensables, même s'ils ne reflètent pas toujours la réalité.
Bref, pour le monde du voyage d'affaires aussi, la chasse aux vœux est ouverte !

Il n'y a rien de pire que ces vœux tout fait envoyés à l'ensemble d'un carnet d'adresses. Ils ne reflètent aucune sincérité, seulement l'intérêt que porte l'expéditeur à votre capacité de devenir, à court ou moyen terme, l'un de ses meilleurs clients pour l'année qui s'annonce. Ils sont complétés fréquemment par des animations sans réel intérêt, aux couleurs criardes et au message redondant qui glisse du souhait traditionnel à l'offre commerciale.

Le pire, c'est qu'ils proviennent souvent de gens à peine croisés dans une réunion ou un salon, d'entreprises qui, jusqu'à ce jour, n'avaient jamais encore travaillé avec vous ou de collaborateurs cachés au fin fond de l'entreprise et dont vous ne soupçonniez pas l'existence. Les vœux, c'est un peu comme le café, tout le monde ne sait pas forcément le faire avec talent.

Il y a quelques années, une étude américaine s'était penchée sur la tradition des vœux en Europe. Sans grande surprise, ils ressemblent pour beaucoup à ceux formulés dans les pays anglo-saxons. Seule différence, il est de bon ton de ne les adresser qu'à des gens que l'on connaît ou qui sont des fournisseurs réguliers de l'entreprise. C'est déjà un premier tri !

Mais présenter ses vœux est loin d'être un geste anodin. C'est le marketing de proximité le plus basique… et pourtant le moins efficace. Cela permet à l'expéditeur d'arriver dans vos boites sans que vous puissiez le lui reprocher ! Contrairement à ce que l'on peut imaginer, les vœux peuvent prendre des formes aussi surprenantes que variés. Ils peuvent être stratégiques, hiérarchiques, faux-cul, sincères ou tout simplement obligatoires pour ne pas faillir à ce que la bonne éducation appelle les "règles de savoir-vivre".

Et vous ? Quels types de vœux aller vous présenter ? Si l'on en croit les psychologues d'entreprises, on pourrait les classer en trois grandes familles, plutôt représentatives de ce qui se fait aujourd'hui et qui, vous en conviendrez, répondent à des attentes bien précises que l'on soit carriériste ou non.

Prenons les plus classiques. Les vœux stratégiques (ou hiérarchiques) sont ceux qui sonnent sans aucun doute le plus faux dans l'esprit de celui qui les reçoit. D'autant plus, et les exemples sont nombreux, qu'ils collent avant tout à une situation précise au sein de l'entreprise. Présenter des vœux de bonne année 2019 à un supérieur que l'on souhaite remplacer rapidement sonne aussi faux que les airs d'opéra interprétés par la fameuse Madame Marguerite. Il faut du talent et de la subtilité. Ils demandent de la préparation… Il ne faut pas se tromper, faute de quoi vous seriez démasqué et votre sincérité remise en cause. Pas la peine de dire à son supérieur : "Je vous souhaite de passer beaucoup de temps au golf", ce qui pourrait être interprété comme "pauvre glandu comme de toute façon tu ne fous rien autant que tu sois sur les greens plutôt qu'à nous embêter ici dans l'entreprise". Délicat. Mais qu'importe, officiellement, ils sont délivrés presque du fond du cœur ! Notez que le même supérieur peut lui aussi vous retournez ses vœux avec comme arrière-pensée que vous dégagiez rapidement de son service.

Pour les faux-culs, les vœux constituent la Coupe du monde du faux-semblant. Inutile d'en faire trop, ce type de vœux, tout le monde le connaît et tout le monde sait très exactement ce qu'ils valent… Même vous ! Dommage que ces vœux ne servent à rien.

Enfin, dernier type de vœux : le plus classique celui que l'on glisse entre la poire et le fromage. Que l'on présente du bout des doigts dans les couloirs de l'entreprise et qui se résume à une petite phrase : « bonne année et surtout, bonne santé ». Une fois exprimé, vous allez vous sentir débarrassé de la corvée, même si vous aurez à la répéter tout au long d'une journée et ce jusqu'à la fin du mois de janvier, à chaque fois que vous croiserez quelqu'un n'ayant pas encore subi vos assauts des vœux annuels.

Si nous avons mis volontairement de côté les vœux commerciaux, c'est sans aucun doute parce que vous savez mieux que nous comment les présenter. Peut-être même les avez-vous déjà faits ? Dites-vous, satisfaits du devoir accompli, que vous avez maintenant un peu moins de 335 jours pour préparer ceux de l'année prochaine. Mais surtout, sachez que vous n'êtes pas obligés de vous plier à cette tradition qui ennuie (souvent et autant que vous) celui qui les reçoit .

Allez, bonne année et surtout bonne santé (çà, c'est fait)

Marcel Lévy


Ai-je besoin de vous dire que ces propos n'engagent que moi et ne reflètent en aucun cas la position de la (très sérieuse) rédaction de DéplacementsPros - Merci également à Alphonse Daudet de m’avoir laissé détourner le titre de l’une de ses œuvres les plus connues