Tabernacle, les Français ont de la neige !

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Depuis hier matin, je suis la risée de mes amis québécois. Pensez donc, 10 cm de neige en France et des routes qui risquent d'être difficiles ! Le constat fait par Météo France est sans appel... Mais autant le dire, le traitement de l'information fait par nos chaînes de télévision, nos stations de radios, nos médias en ligne ou nos quotidiens fait sourire nos amis québécois. «Imaginez», me dit Marc André, «Si l'on devait s'arrêter à chaque fois que nous avons quelques centimètres de neige sur les routes...Il n'y aurait plus aucun déplacement professionnel au Québec pendant six mois de l'année !».

Il faut dire, et les fait donnent raison à mes amis canadiens, que cette peur de la neige qui nous caractérise depuis des décennies est peu explicable à une époque où les moyens modernes de déneigement existent. On le voit régulièrement dans les journaux avant la période fatidique, que ce soit dans les aéroports, les lignes de chemin de fer ou même les grandes autoroutes, tout semble prévu pour affronter l'hiver et ses conséquences indirectes comme la neige. A grand coup de DDE, d'experts météo et autres spécialistes, on nous le dit et nous le répète : plus rien à craindre. Et à chaque fois rebelote, la neige tombe et la France tremble. Enfin la partie concernée par ces chutes de neige, en tous cas.
Pour les Québécois, largement habitués à des hivers rigoureux, notre vision de la neige les fait sourire d'autant, disent-ils que «Ces épisodes blancs ne durent jamais bien longtemps chez vous et dans les pires des cas, vous disposez des moyens collectifs pour améliorer les conséquences négatives». Et d'ajouter, «Nous autres, on doit souvent se débrouiller seuls pour sortir la voiture du garage quand les congères dépassent les 1 mètres». De quoi nous sentir ridicules. Dans la plupart des pays d'Europe, principalement ceux du Nord, la neige fait partie de cette période hivernale qui débute généralement vers le mois de novembre pour se terminer à la fin du mois de mars voire, dans certains pays, début avril. Prenons la Finlande par exemple, pays largement concerné par les intempéries hivernales et qui n'a quasiment jamais fermé l'aéroport d'Helsinki à l'exception de quelques tempêtes sévères qui bloquaient toute approche aérienne. Idem au Canada, ou à l'exception de deux ou trois périodes particulièrement difficiles, tout est fait pour assurer la sécurité et le transport de celles et ceux qui sont obligés de se déplacer pour leur travail. Même les États-Unis, largement touchés cette année par des intempéries, rouvrent leurs aéroports malgré un mètre de neige, le plus souvent en 24 heures. Serions-nous alors les seuls à craindre la montée en puissance de quelques flocons ? Sans doute pas. La neige c'est une séquence récurrente d'un hiver réussi. Et visiblement, lutter contre ses effets reste toujours aussi difficile dans un pays comme le nôtre, placé entre le nord et le sud de l'Europe. Notre regard vers la Méditerranée est censé nous protéger contre les épais tapis blancs qui fleurissent dans nos villes et nos campagnes. Aux pelles citoyens !

A New York,
Philippe Lantris