Travel Management, des salaires qui augmentent peu

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Si l’on en croit les études menées par les organisations syndicales, salariales et patronales, les salaires du voyage augmentent peu pour ne pas dire pas du tout depuis quatre ans. Et selon les sites spécialisés, les professionnels du tourisme, y compris ceux du travel management, restent les parents pauvres du monde du travail. Mais il est bien difficile d’avoir une vision réelle du marché tant les cabinets de recrutement restent discrets sur le montant des salaires proposés. Entre 2400 et 3900 € net pour des spécialistes chevronnés. Alors que globalement, comme le montre l’Apec, les fonctions achats sont mieux rémunérées : entre 20 et 25 % de mieux que les moyennes constatées dans le voyage.

On pourrait épiloguer longtemps sur ces chiffres, sans doute variables en fonction de l’entreprise, de l’ancienneté et du niveau de responsabilité s’ils ne posaient le problème de la reconnaissance de ce qui est un métier à part entière : la gestion des voyages au sein d’une entreprise avec l’optimisation des dépenses et la réalisation, de fait, d’économies substantielles. Mais au-delà, c’est la question naturelle de l’externalisation qui se pose. On l’a vu avec la progression spectaculaire d’Epsa ou les tentatives menées en Allemagne avec la gestion délocalisée en Inde des déplacements professionnels d’un géant de la pharmacie. Considérer le gestionnaire global comme un fournisseur à part entière, c’est sans doute revenir à cette idée que la TMC peut être la tête de pont d’une problématique purement économique qui se négocie de gré à gré. Pour les salariés du travel management, la reconnaissance de leur technicité risque bien de diminuer si, demain, chaque acteur du voyage devient son propre distributeur numérique. Hormis la gestion comptable et sécuritaire… Où sera le savoir ? Dans l’appel d’offre ou le reporting ? Foutaise si l’on en croit les outils technologiques qui se préparent. L’arrivée des bases de comparaison fournies par des acteurs de l’information comme Google va fortement bousculer la relation client/fournisseur. D’autant que Iata, qui s’est toujours prononcée contre l’ouverture des achats de billets d’avion dans un pays autre que celui du départ, va sans doute repenser sa position. La globalisation fait de nouveau parler d’elle. Les compagnies veulent se passer des GDS et devenir leurs propres distributeurs. Au-delà la simplification de l’acquisition du titre de transport, du voucher hôtelier ou de la voiture à partir d’une base tarifaire, négociée ou non, n’est qu’affaire de petits boutons, d’électronique, mobile ou non. Mais qu’est ce que tout cela a à voir avec les salaires ? Cette migration qui s’engage, et dont nous ne percevons que les prémices lointains, ira plus vite que les évolutions traversées ces 30 dernières années. Toute la différence est aujourd’hui dans la vitesse que mettront les process à faire bouger les habitudes. Et force est de le constater, il ne restera du travel management que nous connaissons aujourd'hui que des bribes de savoir. Pas certain alors qu’en dehors de quelques fleurons économiques, les entreprises réfléchiront aux voyages d’affaires comme elles le font aujourd’hui. Il est sûr en revanche que, si elles le peuvent, elles feront des économies sur le dos en charge aujourd’hui de gérer les déplacements professionnels...

Marc Dandreau