Travel management : ne confondons pas MICE et meeting industry

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Depuis quelques années, disons plutôt quelques mois, on évoque l'arrivée massive du MICE au sein du Travel management. Un nouvel univers qui marque la volonté de l'entreprise d'optimiser au mieux les savoirs internes et de faire assurer par les spécialistes du voyage la réservation d'avions et d'hôtels dans le cadre de séminaires, qu'ils soient nationaux ou internationaux. On perçoit bien le sens de l'économie des sociétés.

Certains travel managers, mais ils sont très peu nombreux en France, assurent en collaboration avec les achats hors production, la gestion des incentive ou de toute la partie «exposition et conventions». Cela veut-il dire que le MICE est devenu un élément clé du Travel management ? Certainement pas. Bien au contraire, l'événementiel reste l'apanage des services marketing et communication. Mais que fait alors le Travel manager ou l'acheteur voyages ? Ce qu'il sait faire avec talent : gérer le prix moyen du billet d'avion, assurer l'hébergement et la réservation ou la recherche de salles pour l'organisation d'un séminaire qui généralement n'excède pas 300 personnes. Un chiffre déjà raisonnable lorsque l'on connaît les conditions parfois arbitraires des compagnies aériennes en matière de transport de groupes.
De fait, nous sommes bien plus dans l'univers de la meeting industry que du MICE. N'en déplaise à ceux à qui le titre plaisait, le MICE n'est pas le quotidien du Travel management. D'autant plus que le Travel management possède a priori le savoir-faire nécessaire pour l'organisation d'un séminaire, mais il y a une marge entre un achat groupé et l'achat d'un groupe. Il n'est pas forcément simple de planifier le déplacement d'un groupe d'importance et la gestion hôtelière des participants. Et surtout l'organisation d'un événement pour lequel des participants viennent d'horizons tous différents ! C'est un travail de spécialistes, à part entière, ou le seul Best Buy ne suffit pas à donner du talent à un acheteur. Il en faut souvent plus. Il reste donc aujourd'hui à définir les lignes de cette activité intégrée que, faute d'une certaine noblesse, l'on balaye d'un revers de manche. Et pourtant, le séminaire pèse en France 60 % des dépenses du MICE. Il est à lui seul le cœur de métier d'agences spécialisées qui travaillent pour des PME/PMI de petites tailles comme pour les entreprises du CAC 40. Laisser croire à un acheteur que ses compétences sont suffisantes pour se frotter à la discipline est parfois illusoire. Autant le dire et l'écrire clairement.

Si nous évoquons ce sujet, c'est parce qu'un acheteur spécialisé "voyages "d'une grande entreprise vient de perdre son poste pour avoir "foiré" un séminaire de travail de 120 personnes. Il ne pouvait pas prévoir le folklore en vigueur sur la destination choisie, ni même une grève dans l'hôtel retenu. Bref, acheter ne veut pas dire "savoir se sortir de toutes les situations". Y compris dans la meeting industry où ce qui semble facile est un vrai piège à acheteur....

Hélène Retout