USA, liberté très surveillée pour le voyageur d’affaires

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Sans grande surprise, la convention de la GBTA en août dernier à San Diego est revenue sur les fondamentaux du voyage d'affaires. Si l'innovation était toujours au centre des échanges, c'est l'évolution des process qui a sensibilisé les acheteurs. Beaucoup constatent une très forte hausse des dérives économiques des déplacements professionnels.

A en croire les responsables travel des grandes compagnies américaines, la maîtrise de la dépense est aujourd'hui écornée par les multiples exceptions mises en place. Des chefs de service que l'on peut facilement "corrompre" pour un upgrade ou des dépenses supplémentaires, des cadres plus soucieux de leur confort que des dépenses de leur société… Pas moins d'une dizaine d'exemples de ce type ont été évoqués à San Diego.

Si le mal est cerné, la réponse est complexe. Selon les acheteurs, "les habitudes de voyage dépendent pour beaucoup de la culture d'entreprise. On installe un babyfoot, un bar ou une piscine et on refuse une place en premium éco pour 12 heures de vol !", s'étonne la DRH d'une société d'informatique installée près de San Francisco.

Expliquer ce grand écart n'est pas simple, surtout quand le salarié connaît l'importance de la relation économique associée aux déplacements pros. Le résoudre est encore plus complexe car il faut avoir le soutien de sa direction, de sa hiérarchie, et un effort de compréhension des salariés. L'enjeu est de taille. D'autant, comme le précise Smithson Way, que la gestion du "non "est complexe dans les PME/PMI américaines qui privilégient la rentabilité plus que la relation sociale. En clair, on ne refuse pas grand-chose à un excellent vendeur ou un remarquable technicien. Plus difficile pour les autres.

A San Diego, dans le cadre du networking associé à ces grandes messes, bon nombre de travel managers ont échangé sur le sujet. Quelle solution pour faire respecter, à la lettre, une politique voyages ? La solution peut étonner mais la gamification du problème semble apporter de bons résultats. Une carotte pour apprendre à voyager. La méthode n'est pas nouvelle même si peu évoquent les avantages mis en place pour faire appliquer les règles.

Mais si la question se pose aux USA, il est clair qu'elle est aussi d'actualité en Europe. Aujourd'hui, le sujet semble moins pressant, sans doute parce que la rigueur de la crise de 2009 a changé les habitudes et qu'on est encore loin de retrouver ce qui faisait le voyage d'affaires d'avant 2008. Mais faut-il chercher à renouer avec le passé ou créer de nouveaux process. La question est posée. Elle devrait nous occuper toute l'année 2019.

A New-York,
Philippe Lantris