Une formation express pour devenir Chinois

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Il ne se passe pas un jour sans que je lise que la Chine va nous "bouffer". Il est vrai qu'Alain Peyrefitte l'avait prédit dans son ouvrage "Quand la Chine s'éveillera" qui portait un sous titre sans appel : "le monde tremblera". Qui s'en souvient ? Sans doute aujourd'hui serait-il bon de reprendre l'ouvrage pour constater que rien de ce qui avait été écrit n'est à jeter. Nous allons passer lentement mais sûrement sous la coupe économique d'un pays qui n'a pas encore découvert le poids du social.

Il y a une semaine, Pékin affirmait vouloir construire le plus gros aéroport du monde, calibré pour 100 millions de passagers. Un trafic réparti à part égal entre les vols domestiques et internationaux, capable d'absorber la croissance attendue des voyages d'affaires dans l'empire du Milieu : plus de 150 % en dix ans. Airbus est venu annoncer que le nombre d'avions dont aurait besoin le pays frôlerait sans doute les 4000 exemplaires d'ici 20 ans. Et de considérer l'A380 comme le gros porteur de base pour les vols domestiques. Boeing a emboité le pas en précisant qu'il était essentiel de travailler à la conception d'appareils adaptés au marché local. Même l'avionneur chinois Avic annonce qu'il pourrait devenir d'ici une trentaine d'années le second ou même le premier constructeur au monde.
Je ne m'attarderai pas sur la capacité de production du pays, sa relative discipline et son sens aigu du commerce. Que des portes ouvertes. En fait, ce qui m'a plu, c'est que les prédictions d'Alain Peyrefitte se réalisent. En Chine, comme il le voyait, s'ouvrent des écoles de commerce dont la spécificité est de proposer des enseignants américains ou européens. Leur rôle ? Enseigner nos coutumes, habitudes et stratégies commerciales à de jeunes loups chinois bien décidés à venir nous manger sur place. Et il faut dire que l'enseignement va de la négociation sociale avec les syndicats nationaux aux bons usages du voyage d'affaires. Une sorte de cours accéléré pour futurs patrons chinois d'entreprise françaises, allemandes ou anglaises rachetées par des consortiums aux moyens illimités. Aussi, je me demande si nous n'aurions pas, de notre côté, intérêt à nous préparer. Des cours accélérés pour devenir des chinois à part entière... Apprendre à penser, analyser et agir comme eux. Et pour réussir, inutile désormais de connaître par cœur les pensées de Mao. L'argent en Chine est, comme chez nous, le moteur unique de la réussite.

Hélène Retout