Une journée de salon : 113 stylos, 63 blocs, 16 parapluies, quatre tasses à café et un mal de tête

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C'est fou ce que l'on peut collecter dans un salon professionnel. A priori, et c'est logique, ce sont tout d'abord des informations que l'on vient piocher auprès d'exposants prompts à les donner. C'est la loi du business. Dura lex, sed lex ! En fait, au bout de quelques heures, on se retrouve sans s'en être rendu compte, à la tête d'un petit trésor composé de ce que les marins portugais appelaient au XVIe siècle "la verroterie" ! Un ensemble hétéroclite de zakouskis qui va du stylo au carré de chocolat en passant par le chapeau vietnamien, les moustaches mexicaines, les bretelles et autres apparats vestimentaires, les clés USB... . J'imagine aisément la conversation : « A quel prix tu me fais mes 100 chambres d'hôtel sur New York et tant que tu y es, ajoute un chamallow et dix blocs de Post'it ».

Si j'évoque ici ces petits cadeaux que font les fournisseurs à leurs visiteurs, c'est qu'une étude parue au Canada démontre que ce sont principalement les visiteurs qui sont à l'origine de cette tradition marketing. Dans un travail universitaire, Jérôme Leprince a étudié le rôle du gadget dans la communication commerciale. Premier constat, le cadeau doit être pratique ou doit faire sourire. Point de salut en dehors de cette règle. C'est ainsi que nous possédons tous dans nos tiroirs une petite cinquantaine de porte-cartes de visites qu'accompagne des cargaisons de blocs et de carnets. Autre obligation, appliquée à la lettre par les fabricants, le cadeau doit permettre de mémoriser celui qui l'offre. C'est le rôle du fameux "marquage" que chaque spécialiste marketing étudie avec intérêt avant de commander l'objet qui tue. Au final, le gagdet trop visible est vite oublié. Caramba, encore raté !

Autre souci révélé par l'auteur, la taille même du gadget est importante. Prenez le parapluie, qui se multiplie sur un salon comme les galets sur la plage de Nice, c'est incontestablement le cadeau le plus couru et au final le moins performant pour celui qui l'offre. D'autant qu'en règle générale, sa sortie est accompagnée de la traditionnelle phrase : «Mince, il pleut ». À part l'Irlande, je ne vois pas qui peux raisonnablement offrir un parapluie sans être associé à une mauvaise journée qui débute. Pire, une fois perdu, il termine dans les mains d'un nouveau propriétaire peu ou pas sensible à la marque qu'il vient pourtant d'acquérir sans le savoir. Et pour couronner le tout, le marquage est à l'envers et l'on marche rarement les yeux fixées sur la toile sans risque un gadin.

Au final, Jérôme Leprince est formel : « il faut éviter de suivre la mode tant elle dénote le peu d'originalité de l'entreprise qui offre le cadeau et stigmatise l'absence de créativité". Aussi, sur l'IFTM Top Resa je vais dès demain regarder ceux qui ont réellement innové en matière de gadgets. Promis, les autres, je les laisse sur place !

Marc Dandreau