Une rencontre pour quoi faire ?

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On le sait, le dialogue social ne se décrète pas. Il se juge à la qualité des échanges entre l’Etat, le patronat et les syndicats. Mais comme le disait Socrate «pour parler, il faut accepter d’entendre». La réunion programmée vendredi entre le Ministre des Transports et le SNPL (Syndicat National des Pilotes de Ligne) a toutes les chances d’être un dialogue de sourds. En cause, les certitudes des uns et des autres sur un sujet que les utilisateurs ont, eux, déjà validé depuis longtemps.

Une fois le mouvement terminé demain soir, quelle sera la situation ? Sans doute 40 à 50 millions d’euros de pertes supplémentaires pour Air France et une clientèle qui, lassée des caprices syndicaux, ira chercher ailleurs la fiabilité et la sécurité de ses déplacements professionnels. Je ne reviendrais pas sur la situation actuelle de la compagnie française. Tout a été dit, écrit, commenté et anticipé. Mais il faut désormais s’interroger sur la situation des acheteurs de voyages face à ces mouvements sociaux à répétition. Entre septembre 2011 et aujourd’hui, pas moins d’une dizaine de grèves aux motifs différents : PNC, mécaniciens, agents administratifs, contrôleurs aériens… Un acheteur peut-il raisonnablement construire un programme voyage avec ces épées de Damoclès au-dessus de sa tête ? Un travel manager peut-il se fier à Air France pour organiser les déplacements professionnels de ses voyageurs ? Les grèves profitent-elles aux compagnies étrangères qui opèrent en France ? Voilà bien des questions qui se posent aujourd’hui. Certes, ni vous, et moi encore moins, pouvons répondre à des questions qui tiennent plus du constat que de l’interrogation. Vendredi, nous allons donc assister à «une réunion de travail», version pudique du coup de gueule des uns et des autres. Et après ? Sans doute une nouvelle grève pour lutter contre la fin des conventions collectives actuelles. Pour moi qui suis collectionneur de tout ce qui touche à l’aérien, je dirais à mes petits-enfants, quand nous irons sur Ebay, comme on me le dit aujourd’hui de TWA : «J’ai bien connu Air France, c’était une belle compagnie à l’époque ». Au fait, combien pour le pin du personnel naviguant ?

Marcel Lévy