VTC, la fin d’un rêve

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Les syndicats de chauffeurs de VTC le reconnaissent à demi-mots, les promesses faites aux chauffeurs aux premiers jours se sont vite transformées en cauchemar. Envoler les espoirs de réussite rapide, finis les avantages qui permettaient d’éviter les contraintes imposées aux taxis… Le retour à la réalité est dur pour les chauffeurs de VTC qui, en majorité, commencent à regretter leur choix.

Le chiffre est tombé en fin de semaine : 60 heures de travail pour moins de 1500 € par mois. Difficile de s’en sortir quand on est chauffeur de VTC affilié à une plateforme comme Uber. Les mouvements de colère qui ont débuté ce samedi 17 février ne sont pas les derniers programmés par le chauffeur de VTC qui veulent aujourd’hui se faire entendre du gouvernement. Principale revendication, 12 € pour une course au minimum. Un tarif qui dépasse largement celui des taxis d’autant que les chauffeurs veulent y ajouter des frais de prise en charge de deux euros, la facturation du temps d’attente et le coût kilométrique. Uber le sait : la hausse des tarifs éloignent les clients… Sans doute a-t-elle contribué au déficit de 4,5 milliards qu’a connu la compagnie cette année.

Et le malheur des VTC fait le bonheur des compagnies de taxis dont le chiffre d’affaires, depuis décembre dernier, s’est envolé de 12 à 20% selon les entreprises. Du jamais vu. Le modèle économique des VTC est-il à bout de souffle ? Pour les taxis, il est évident que la dérégulation engagée ne pouvait conduire qu’à la déception. De fait, la grève du 17 février a été peu ou pas suivie. Certes, une partie des accès aux aéroports a été bloquée mais sans conséquence directe pour le voyageur autorisé à passer pour se rendre au rôle d’embarquement.

Reçus par un conseiller de la ministre des transports, les chauffeurs représentants de la profession ont vite jeté l’éponge et levé le mouvement. Le gouvernement a en effet accepté de contacter les membres de la mission d’étude lancée début décembre pour qu’ils puissent rencontrer l’ensemble des acteurs du secteur et étudier l’idée d’une tarification minimale. Mais les chauffeurs sont réalistes et savent très bien que le dossier restera lettre morte face à la mobilisation des taxis.

Conséquence directe de cette situation, le nombre de chauffeurs titulaires du diplôme exigée par la loi Grandguillaume est en chute libre. Les recrutements sont devenus de plus en plus compliqués et la pénurie engendre une hausse des prix que les clients rejettent. Autre constat, la baisse du nombre de chauffeurs allonge fortement les délais d’attente qui ont augmenté de plus de 25% en région parisienne.

Si les chauffeurs reconnaissent le bien-fondé de la gestion dynamique engagée par les plates-formes, ils savent désormais que tous ne pourront pas maintenir leur activité dans ce domaine, faute de gagner suffisamment leur vie. Selon des sources ministérielles, seules quelques grandes régions pourraient encore bénéficier de services de VTC de qualité comme sur la Côte d’Azur ou la côte basque mais pour ces spécialistes, les grandes villes françaises verront une baisse sensible du nombre d’opérateurs VTC d’ici à la fin 2018. Une nouvelle accueillie avec enthousiasme par les taxis.