Votre patron est bien trop bavard !

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Etonnante étude, réalisée par une société indienne spécialisée dans la sécurité des réseaux. A l'origine, un constat: plus de 40 % des comptes Facebook et Twitter sont utilisés en entreprise. Pour Abhilash Sonwane, Senior Vice-President chez Cyberoam, cette situation engendre des risques non mesurés par les utilisateurs. Conclusion, il a mis "sous surveillance" 20 des plus grandes sociétés mondiales. En devenant ami sous des motifs divers et variés, via Google ou en s'abonnant à des comptes Twitter, il a pu apprendre quelques secrets bien gardés... principalement de la part des patrons eux-mêmes !

Première mission de veille intelligente, exploiter Linkedin. C'est ainsi que Cyberoam a pu reconstituer des organigrammes complets, des profils de dirigeants et échanger parfois avec eux sur des sujets sensibles. Puis, encouragé par les premiers résultats, les experts de son entreprise se sont lancés dans des échanges plus directs et ont même créé une jeune femme, à la photo séduisante, dont la mission était d'entrer en relation avec un jeune directeur financier en train de divorcer. Là aussi, les réseaux sociaux se sont révélés des espions parfaits. Enfin, pour une société américaine du secteur publique, les ingénieurs indiens se sont vite retrouvés en relation avec le seul membre du directoire présent sur Facebook. En quelques semaines, ils ont découvert que l'entreprise allait fermer des bureaux et qu'elle était à deux doigts de la faillite. Le tout en échangeant dans le temps de simples messages.
On parle souvent des risques de la toile, du manque d'auto vigilance, cette fois c'est démontré, heureusement par une étude. Et pour Abhilash Sonwane, le test est sans appel. Multiplier les portes d'entrée dans l'entreprise, c'est se livrer tout cru aux spécialistes de la recherche d'informations. "Il faut bien voir que rien de ce que nous avons fait n'est illégal. C'est juste une mise en contact entre des personnes qui échangent au début sur des sujets anodins puis vont plus loin une fois cette confiance numérique établie", développe le chef d'entreprise indien. Au final, sur un peu plus d'une centaine de compte étudiés à la loupe, plus de 50 % se sont révélés "bavards" au delà du raisonnable. Et, surprise, ce sont généralement les cadres et les patrons qui étaient les plus communicants sur leur entreprise. Fierté mal placée ? Au delà de cette analyse, force est de constater que les fameuses surprotections installées dans les entreprises sont cette fois inefficaces: c'est généralement sur les ordinateurs privés que se font ces échanges ! Désormais, il va falloir apprendre à se taire dans les entreprises... Même si, pendant longtemps, on a expliqué que la communication était essentielle. Apprendre à se taire et ne diffuser que le bon message, un vrai talent.

Hélène Retout