Voyage d’affaires : business, attention danger !

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Alors que les études américaines sur l'Europe montrent leurs limites et confortent la méconnaissance des analystes sur le marché français, une information sibylline démontre que les faillites d'entreprises ont fortement augmenté en France : 44 900 sociétés ont déposé le bilan entre le 1er janvier et le 1er octobre 2013. En hausse de 8% sur la même période en 2012. L'accélération des licenciements massifs, constatée ces dernières semaines, inquiète désormais les professionnels du voyage d'affaires.

Matthieu Gufflet l'avait évoqué lors de la présentation des chiffres 2012 du voyage d'affaires : "il faudra une relance soutenue des exportations sur les marchés étrangers pour constater une réelle reprise du voyage d'affaires". Lapalissade ? Loin de là. Si moins de 200 entreprises font 60 % du voyage d'affaires, ce sont les PME/PMI qui assurent les 40 % restants. Un chiffre qui, malgré la crise, continue à progresser de 3 à 4 % par an car de nombreuses entreprises de taille moyenne voient leur salut dans l'export. Pour les entreprises du CAC 40 présentes par des filiales sur les marchés internationaux, le business travel se jauge aux économies réalisées : entre 5 et 11% pour 2014. Mais si l'INSEE constate un léger frémissement de la relance, les observateurs sur le terrain constatent une relative frilosité, que ce soit dans l'aérien ou l'hôtellerie. Certes les avions sont souvent bien remplis en classe affaires mais avec une forte proportion d'étrangers. L'exemple des vols américains est frappant : entre 55 et 65 % des voyageurs viennent d'Amérique du Nord et y repartent.
Quelle première conclusion en tirer? En France, aujourd'hui encore, le voyage est considéré comme une dépense et faute d'un ROI immédiatement mesurable, il vaut mieux en limiter le développement. Il n'y a rien à redire à ce raisonnement dont la limite est portée par les moyens financiers de l'entreprise. Orange, Veolia ou Thalès se sont, entre autres, construits sur un dynamisme commercial à l'international. On le sait, aujourd'hui il n'est plus question d'investir sans visibilité. Idem pour les PME/PMI.
Autre constat, la gestion du voyage d'affaires se fait de plus en plus par le voyageur lui même et généraliser ce que font les géants du métier serait une erreur grossière ! Entre l'indépendance du choix et la rigueur d'une politique voyages, la marche est gigantesque.
La crise est donc toujours là, à en croire les économistes. Se bercer d'illusions serait dramatique mais oublier de se développer le serait tout autant.

Marcel Lévy