Voyage d’affaires : faut-il encore faire l’autruche ?

97

Gouverner, c'est anticiper. Une fois déployés les lieux communs de l'économie, force est de constater que, plus que jamais, regarder l'avenir c'est faire face aux difficultés annoncées. L'indice Wipolo - DeplacementsPros de septembre est révélateur: le nombre de voyageurs a baissé, mais chacun s'est davantage déplacé. Les voyages se sont a priori concentrés sur les plus indispensables ou... les plus efficaces. Et selon les spécialistes américains, les turbulences de l'économie mondiales ne font que commencer. Pour les gourous du commerce mondial, le pic de la crise est prévu pour février 2012. D'ici là, la longue glissade européenne servira de tremplin à un pessimisme mondial qui commence à poindre ci et là.

Pour Lall B. Ramrattan, professeur d'économie à l'université de Berkeley en Californie, "L'époque n'est plus à la préparation de la crise mais à l'intégration d'une nouvelle économie mondiale basée à la fois sur le virtuel des échanges et le réalisme des relations internationales". En clair, il faut apprendre à développer de nouveaux "business models" basés sur les outils technologiques disponibles et sur l'offre commerciale à formuler à ses clients. Des entreprises commencent à embaucher des spécialistes de calcul de ROI. La thématique vient également d'animer une rencontre organisée à Atlanta par des professeurs d'économie qui se sont posés une seule question : "Comment intégrer une crise économique à notre quotidien professionnel ?". A priori, si les solutions en matière de gestion sont nombreuses et parfois opposées, deux ou trois concernent directement le voyage d'affaires et font l'unanimité des participants. "Bouger, c'est rassurer son interlocuteur" détaille Lall B. Ramrattan "Il sait alors qu'il peut compter sur votre solidité. C'est un message fort qui est transmis". Autre constat, "le poids de l'humain est conforté pendant les crises car il est le reflet de sa propre crainte" conclue le spécialiste. En somme, la crise comme fédérateur commercial ? Presque, disent en cœur les spécialistes. La crise, en tout cas, comme vecteur social pour bon nombre d'entreprises. Quoiqu'il en soit, tous nos hommes de l'art reconnaissent que la prévision économique en périodes de turbulences tient autant de la boule de cristal que de l'analyse scientifique. Et en bref, il faut voyager pour durer économiquement. Il sera difficile de vendre cette idée à nos gestionnaires: ils peuvent éventuellement l'admettre mais souhaitent bien souvent commencer par réduire les coûts.

Marc Dandreau