Voyage d’affaires, le poids de l’intermédiation

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Le secteur des déplacements professionnels est une jungle faite de nombreux acteurs et de nombreux intermédiaires… Des hôteliers en passant par les agences de voyages, les GDS, les éditeurs de solutions T&E, les moyens de paiement, les loueurs et bien sûr, les entreprises au travers des Travel managers et des voyageurs. Difficile de s’y retrouver, c’est sûrement pour cette raison que peu de personnes s’intéressent à l’intermédiation. Mais ne perdez pas de vue que pour chaque intermédiaire, il y a un frais de service, et que celui-ci vous est souvent directement ou indirectement imputé !

Dans un monde de l’entreprise et un contexte économique orientés vers la réduction des coûts et la recherche d’économies, tenter de maîtriser les intermédiaires qui interviennent sur la chaîne de valeur peut constituer un levier à considérer.

Pour vous donner une idée du problème, car c’est un problème, intéressons-nous à l’hôtellerie. Parce qu’un schéma ou une image sont souvent beaucoup plus explicites que les mots, voici un état de la distribution sur ce périmètre :
De manière générale, lorsqu’il s’agit de parler du voyage d’affaires, la distribution tourne autour des GDS. Pour mémoire, le tout premier GDS a été lancé par la société Sabre en 1962. Le concept de cet outil développé par les compagnies aériennes a complétement révolutionné la distribution en permettant aux agences de voyages de connaître en temps réel les offres disponibles chez leurs différents fournisseurs (vols, hôtels, location de voiture etc.). Il s’apparente finalement au premier service de commerce électronique à grande échelle. D’autres compagnies suivent rapidement l’exemple de Sabre et mettent au point leur propre GDS. En 2016, Amadeus s’impose sur nos marchés en Europe et le GDS conserve une suprématie écrasante dans la distribution, près de 60 ans après sa création.

Alors bien sûr, des initiatives existent pour essayer de limiter les intermédiaires. Par exemple certains clients, qui disposent d’un OBT, ont mis en place des liens directs avec les fournisseurs/prestataires. Ce phénomène touche principalement certaines chaînes hôtelières ou certains loueurs. Le fait de limiter les intermédiations génère forcément des économies dans la distribution pour les clients. Cela permet également aux entreprises, concernant la LCD, de réserver directement des prestations et des options qui ne sont pas réservables dans les GDS.

En 2015, Lufthansa a décidé de taxer les réservations faites au travers des GDS. Initiative intéressante, mais rejetée en bloc par quasiment l’ensemble (ou presque) des acteurs du marché, certaines agences de voyages décidant un boycott de Lufthansa. Même si à date nous ne disposons pas encore de retour d’expérience ou de données chiffrées pour mesurer l’impact de cette mesure ; nous ne pouvons que saluer l’audace d’une grande compagnie face à des géants très peu intéressés à la remise en cause d’un modèle qui les protège.

Qu’on le veuille ou non, le phénomène de désintermédiation est enclenché, et sera forcément amené à se développer et à prendre le pas sur un schéma de distribution générateur de coûts et de surcoûts pour tous le client final.

À y regarder de plus près, les éditeurs de solutions informatiques comme KDS ou Concur travaillent déjà sur des modules qui vont simplifier la distribution. TripLink, par exemple, autorise la mise à disposition d’une plate-forme de connectivité pour les acteurs qui souhaitent s’affranchir des GDS.

Il est par ailleurs clair que les nouveaux acteurs du voyage d’affaires, issus principalement du monde des start-up ou de l’économie collaborative, vont chercher à préserver leurs marges et à innover sur la distribution préférant le lien direct avec l’entreprise et le voyageur qui génère de la data indispensable à la personnalisation des offres.

Mais les GDS ne se laisseront pas attaquer sans réagir. N’oublions pas qu’Amadeus est la société en Europe qui investit le plus en recherche et développement et qu’elle dispose d’une trésorerie confortable lui permettant d’appréhender sereinement des opérations de croissance externe.

Le match est donc loin d’être gagné mais une tendance de fond s’affirme et les entreprises en recherche de nouveaux leviers d’optimisation ont tout intérêt à s’intéresser à ce phénomène. Loin d’être une menace c’est une réelle opportunité de repenser le voyage d’affaires et l’expérience ressentie par le voyageur.

Christophe Drezet
EPSA - Associé Manager

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