Voyages d’affaires : tous des pirates !

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Face aux risques potentiels que fait peser l’Hadopi sur les téléchargeurs invétérés, la tentation de récupérer en voyage les derniers films ou derniers albums est forte. Si en Europe une sensibilisation est menée dans les grandes chaines hôtelières qui verrouillent le « peer to peer », tout est permis en Asie comme en Amérique du Sud et même en Australie. Ou presque !

C’est du moins ce que laisse entendre sur internet plusieurs patrons d’hôtels de chaine, conscients que leur réseau sert aussi à alimenter les iPad ou les ordinateurs de leurs clients. Il serait facile de se dire que tous les voyageurs d’affaires sont des pirates en puissance. Rien ne le prouve aujourd’hui même si plusieurs directeurs d’hôtels de luxe n’avaient pas caché à l’ILTM de Cannes en décembre dernier qu’ils «savaient parfaitement que le réseau internet de leur hôtel était souvent utilisé pour mettre à jour une discothèque ou une vidéothèque». Et de préciser : «Nous avons des outils techniques pour mesurer la consommation de nos clients pendant leur séjour mais il ne nous appartient pas d’être les gendarmes du net dans un pays qui n’attache que peu d’importance à ces actes de piraterie». En clair, ils ne veulent pas être plus royalistes que le roi !
Faut-il y voir un laxisme ou un laisser-aller bien compréhensible face à des clients, sans cesse en mouvement, et friands de nouveautés ? À cette question, les patrons d’hôtel sont formels : «Le problème est générationnel car les jeunes cadres consomment bien plus de bande passante que les cheveux blancs». Et d’ajouter aussitôt : «C’est juste un constat, pas une accusation». Bien sûr, les moyens technologiques permettraient de lutter contre une (petite) partie de ce trafic. Quelques établissements rappellent ainsi, sur la page de connexion au réseau internet, qu’ils souhaitent que leurs hôtes respectent les lois sur le droit d’auteur. Un vœu pieu. Il reste que le projet américain de traquer partout dans le monde les pirates fait sourire les hôteliers. Beaucoup n’y voient qu’un effet de manche. La fermeture de Megaupload a relancé des dizaines de sites spécialisés où l’on apprend à télécharger anonymement - moyennant un petit abonnement - sur une plateforme spécialisée. Autant le dire aux acheteurs «voyages» : si la responsabilité de l’entreprise peut être engagée, il apparait difficile de remonter jusqu’aux pirates. Le jeu du gendarme et du voleur, du chat et de la souris, est un classique qui ne devrait pas être bousculé avant longtemps.

Marc Dandreau