Voyageur d’un jour, voyageur toujours

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L'une des tendances lourdes du voyage d'affaires, largement mesurées aux USA, se déplace depuis quelques années dans l'univers du loisir : les professionnels, lorsqu'ils partent en vacances, vont plus volontiers en séjours de courte durée, à une ou deux heures d'avion de chez eux. Si aux Etats Unis, les voyages sont plus longs (de trois à quatre heures d'avion), en Europe c'est la richesse de l'offre de proximité qui séduit. Pour autant, si le voyageur est habitué à ce que ses voyages soient gérés par son entreprise, on se rend compte qu'il sait parfaitement se dérouiller seul pour ses loisirs. Heureusement pour les assistantes !

Dans la montée en puissance de l'utilisation du net dans les entreprises, la consultation de sites de voyages reste toujours très élevée. Que ce soit pour de grandes vacances, des ponts ou de simples week-end prolongés, les experts reconnaissent unanimement que la maitrise du réseau est acquise aujourd'hui pour plus de 85 % de la population professionnelle. Rien de bien surprenant. Ce qui l'est plus, c'est l'agrégation du voyage privé à un déplacement professionnel. Le développement, surtout dans les PME/PMI soumises à moins de contraintes sur la politique voyages, conduit les voyageurs à regrouper en fin de semaine un déplacement quitte à prendre en charge les deux jours du week-end pour accueillir femme et enfants... Avec ou sans miles. Si les compagnies aériennes confirment cette approche, les groupes hôteliers en font même un atout en proposant des formules "samedi et dimanche" à moitié prix, d'autant plus si le cadre était présent dans l'établissement le vendredi soir.
Honnêtement, il n'y a rien de bien critiquable dans la formule... Si ce n'est la jalousie qu'elle pourrait engendrer chez ceux qui ne voyagent pas. Face à ce marché, les agences américaines de voyages mettent en place des offres très structurées pour répondre aux attentes "privés" des voyageurs d'affaires. Une sorte de package qui assure, au même tarif aérien, un séjour prolongé. Mieux, avec la fameuse nuit du samedi/Dimanche sur place, le prix du billet d'avion baisse. Un atout pour l'entreprise.
Faut-il alors intégrer les loisirs dans la politique voyage de l'entreprise? Des spécialistes, comme Scott Gillespie restent persuadés que les sociétés doivent se caler aux attentes et non les verrouiller. L'innovation, dans la consommation de voyage, ne peut-être que positive à l'image de l'entreprise. D'autres se veulent plus pondérés et estiment qu'il faut limiter, dans l'année, l'usage de tels "débordements". Au final, les voyageurs eux mêmes, dans un réel bon sens, affirment que ce qui ne pénalise pas l'entreprise mais augmente le sentiment de bien être des voyageurs est un plus qu'il ne faut pas négliger. Nul doute que les TMC auront compris le message.

Hélène Retout