Voyageurs d’affaires : bienvenue chez les pauvres

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Même si tous les indicateurs économiques européens ne sont pas aussi catastrophiques que ne veulent bien le dire les experts, force est de constater que 2013 ne devrait pas être une année faste pour nos entreprises. Conséquences indirectes : les voyageurs d'affaires ne seront pas à la fête. A quelques jours de 2013, nombreux sont les acheteurs qui pensent que le mot "économie" va prendre toute sa valeur ces prochains mois. Dommage pour les voyageurs !

Il ne s'agit ni d'un sondage, ni même d'une mini enquête, tout au plus d'un ressenti exprimé par quelques voyageurs interrogés à l'occasion du Baromètre Mondial Assistance - DeplacementsPros de novembre dernier. Premier constat, la montée en puissance des voyages d'un jour se fait à marche forcée avec des choix aériens qui, pour la première fois en trois ans, privilégient les low-cost qui deviennent les outils privilégiés du court courrier. Assumer en moins de 14 heures, un A/R vers l'Allemagne (notre premier partenaire économique) n'est pas de tout repos. "Il faut prendre en compte que le déplacement n'est que la partie matérielle de l'objectif", précise Marc-André Vieille, commercial dans une entreprise du bâtiment, "La finalité reste le business que nous souhaitons mettre en place avec le partenaire rencontré. Autant être en forme". Et de fait, il est facile pour un acheteur qui se déplace rarement de confondre moyens et objectifs. Autre remarque, sur les longs courriers, le choix des "premium economy", lui aussi en hausse, est loin d'être un atout de taille même si, globalement, cette classe intermédiaire est plus confortable que la classe éco. Et pourtant, si la premium est plébiscitées par l'entreprise, elle n'est pas forcément du goût de tous les voyageurs. On les comprend quand le voyage dépasse 11 ou 12 heures de vol. "Améliorer une classe éco ne veut pas dire offrir un vrai confort dans un vol vers l'Asie", commente un responsable achat textile, "L'équation qui voit se raccourcir la durée des séjours et s'imposer le choix de classes intermédiaires de voyage n'est pas bonne pour la qualité de la mission. Vers la Chine, on a vite fait de perdre le maximum de ses capacités professionnelles après 12 heures dans un avion". Enfin, le retour en force du téléphone et de la vidéoconférence (voire la téléprésence) inquiète. La perte du lien social et relationnel n'est pas bénéfique pour le commerce international. Bref, si économiser veut dire rogner sur les investissements "voyages", c'est sûr : l'année 2013 ne sera pas facile pour nos entreprises... et leurs salariés !

Hélène Retout