Voyageurs d’affaires, des touristes comme les autres!

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C'est une tendance largement développée aux USA et en Chine qui se développe de façon régulière en Europe : prendre à ses frais un jour supplémentaire lors de son voyage d'affaires pour découvrir une destination. Une journée de vacances qui, loin d'être une simple visite touristique, donne l'occasion au salarié de mieux percevoir la culture du pays visité.

Au-delà de la détente et éventuellement de l'ajustement au décalage horaire si la journée est placée avant les rendez-vous, l'intérêt de la formule est évident : permettre une meilleure connaissance des habitudes de vie et acquérir une meilleur perception du quotidien des ses clients ou futurs clients. "On sait aujourd'hui que lorsque l'on pense et analyse une situation comme son interlocuteur étranger, la relation commerciale est meilleure et mieux partagée", explique Alain Joyet, sociologue d'entreprise. Le procédé peut donc se révéler professionnellement payant pour celles et ceux qui auront à revenir fréquemment sur place.

Cette approche, loin d'être un caprice touristique, séduit les directions des grandes entreprises pour qui l'export est essentiel au développement commercial. Mais la formule ne fait pas l'unanimité chez les DRH qui expriment leurs craintes face à des situations peu ou pas comprises par les autres salariés de l'entreprise. Un phénomène de jalousie et d'injustice que l'on ne peut balayer d'un revers de main. On peut imaginer que la formule "pour vivre bien vivons caché" est la règle d'or dans la mise en place d'une telle suggestion en interne, mais beaucoup le reconnaissent, le secret est rarement gardé longtemps. Et pire, "Agir ainsi donne le sentiment que ce qui est fait n'est pas transparent dans l'esprit de tous". Seule solution : la pédagogie ! Expliquer, commenter et associer le voyageur à l'équipe est la règle de base. Chez Dell, le voyageur qui peut rester deux jours de plus si la charge de travail le permet, doit restituer sa visite à ses collègues et les associer à son travail à l'étranger. Les premiers résultats sont positifs. Et, de fait, c'est toute l'entreprise qui se déplace via le voyageur concerné. Une sorte de Team Building de terrain innovant.

Pierre Barre