Voyageurs d’affaires, surtout jetez votre téléphone portable, et vite !

98

La folie du tout numérique s'est emparée du marché du voyage d'affaires. Désormais, au delà de sa mission sur place, le voyageur d'affaires est devenu une centrale numérique à lui tout seul. Il doit se débattre entre les SMS de son agence, de son travel manager, de ses amis et même de ses clients. Le comble. Plus sérieusement, une fois passé "le portable et la tablette peuvent tout faire", il va falloir revenir à l'essentiel : les outils dont ont réellement besoin les voyageurs.

A en croire Stefan Wagner, le jeune Directeur de mVolution, spécialisé dans l'analyse des outils mobiles, "On peut raisonnablement s'appuyer sur plus de dix mille applications pour faciliter les déplacements professionnels". Autant dire qu'à la vitesse où elles se créent, on n'est pas prêt d'avoir fait le tri avant la fin de ce siècle. Plus sérieusement, la mobilité - essentielle pour tous les acteurs du domaine - a du mal à être cernée en matière de réalité de terrain. Si les réseaux sociaux sont présentés comme les grands gagnants de demain pour voyager, ce que semble contester aujourd'hui les voyageurs eux mêmes, force est de remarquer que l'on ne peut plus se passer aujourd'hui des smartphones, des PC ou des tablettes. Mais l'outil n'est rien sans une vision précise de son utilisation. SMS pour informer des retards d'avion, messages courts pour localiser son hôtel ou pour localiser son taxi... Sans oublier la vision, parfois ludique de l'environnement du voyage : découverte en vidéo de la chambre d'hôtels ou enchères de dernière minute pour trouver un meilleur hôtel encore moins cher que celui réservé par l'entreprise. Tout cela est passionnant et dangereux. William El Kaim, le patron de la recherche et des nouvelles technologies chez Carlon Wagonlit Travel, met en garde les acheteurs : "Derrière ces services gratuits, il y a des outils d'informations qui regroupent des datas pour les vendre ou les exploiter commercialement. La sécurité est donc essentielle et doit être l'une des pistes de travail au sein des entreprises qui veulent évoluer dans la mobilité". On l'aura compris, les enjeux commerciaux des fournisseurs sont élevés même si tous ne trouveront pas de débouchés chez leurs clients. Et ce sont les voyageurs qui seront les utilisateurs finaux de tous ces outils. Les concepteurs ont un peu tendance à l'oublier et à penser pour eux ce qui serait bon en voyage. Bien des déceptions se créent aujourd'hui...Avec enthousiasme pourtant !

Marcel Lévy