« Voyageuse d’affaires », plaisir ou pure galère ?

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Quand on pense que nos confrères nous regardent parfois d’un œil envieux – voire soupçonneux- lorsqu’on annonce un départ la semaine prochaine en déplacement professionnel. Par les temps qui courent, notre sort n’est guère enviable : démonstration ! Départ 5h30 de mon domicile, je laisse Monsieur et les enfants dans les bras de Morphée, direction […]

Quand on pense que nos confrères nous regardent parfois d’un œil envieux – voire soupçonneux- lorsqu’on annonce un départ la semaine prochaine en déplacement professionnel. Par les temps qui courent, notre sort n’est guère enviable : démonstration !
Départ 5h30 de mon domicile, je laisse Monsieur et les enfants dans les bras de Morphée, direction Roissy pour un vol pour les Etats-Unis via Londres Heathrow. Quelle idée d’habiter dans la campagne à l’Est de Paris ! Les routes secondaires ne sont pas dégagées et depuis deux ans que c’est le Conseil Général qui est en charge de ce service public, j’hésite chaque année entre un seau de goudron ou une roue de chasse neige à envoyer à mes élus, pour un paiement en nature de mes impôts ! Quelques virages en crabe plus tard, un passage –à petite vitesse- sur les routes de l’Oise me rassure, mon mauvais sort est partagé. Et l’état de l’autoroute du Nord n’est pas plus engageant ! Quand je pense au regard de ma secrétaire quand j’ai parlé de San Francisco… Le parking, une demie heure d’attente de la navette pour rejoindre l’aérogare –j’ai les mains et les pieds glacés, les chaussures trempées – et j’apprends que l’avion a deux heures dans la vue. Chic. Je décide de passer tout de suite la sécurité, histoire d’en avoir fini avec les formalités. Cela tombe bien, il y a déjà la queue. Il faut enlever la doudoune, les couches de pulls, les chaussures (ah, les mains boueuses), se faire palper deux fois, se rhabiller… et attendre, sans café, parce que le barman a décidé de ne pas se lancer sur les routes par cette neige. Et cela dure, parce que les avions sont espacés « pour des raisons de sécurité ». C’est avec finalement trois heures de retard que je vais atterrir à Heathrow, pour apprendre que mon avion est parti mais qu’on ne sait pas où est ma valise. Que non, il n’y a pas de place dans l’avion suivant parce qu’à Londres aussi, il y a de la neige et des avions espacés. Autant renoncer à mon déplacement express mais… il n’y a plus de place pour un retour en France et à 17h, « Inutile d’aller à Saint Pancrace, les Eurostars sont bloqués. Vous comprenez, la neige ». Si je comprends. Vive les voyages d’affaires !

Hélène Retout