#AWFT20 : Quatre lettres pour redéfinir le voyage

1317

AWFT : voici quatre lettres qui vont compter dans les prochains mois. A World For Travel est l’évènement organisé par Eventiz Media Group (maison mère de DeplacementsPros.com) qui va conduire le monde à réfléchir et à agir pour une consommation plus responsable des déplacements. Christian Delom, secrétaire général de A World For Travel, répond à nos questions et nous donne des informations sur ce forum qui se déroulera les 5  et 6 novembre à Evora, au Portugal.

La pandémie a révolutionné notre façon de penser le voyage. Beaucoup prédisent la fin de la surconsommation, mais qu’en est-il exactement ?

Le voyage est consubstantiel à la nature humaine et reste nécessaire, mais la façon de le consommer sera beaucoup plus marquée par la raison même de voyager. Il y aura peut-être moins de déplacements, mais il est fort probable que leur durée et leur fréquence seront nettement différentes.

Une chose est toutefois certaine, rien ne sera plus comme avant. Penser autrement est irresponsable et ne sera pas accepté par la société.

A World For Tavel est l’événement majeur de cette fin d’année, pourriez-vous nous en dire plus ?

Le voyage, le transport, les déplacements d’affaires et le tourisme sont les axes majeurs de cet événement qui se déroulera les 5 et 6 novembre à Evora au Portugal. Il ne sera pas question de faire une simple conférence unidirectionnelle, mais bien de réunir des acteurs internationaux pour créer une communauté, fixer des objectifs chiffrables, quantifiables, associés à des actions précises et documentées.

A World For Travel vise une transformation lucide, progressive et réaliste de la consommation du voyage par rapport à des objectifs sous-jacents, clairement exprimés. Des limites, des opportunités vont être créées et nul doute qu’elles généreront des transformations significatives.

La décarbonisation des énergies est en route et que ce soit au niveau des entreprises ou des gouvernements, le mouvement est engagé, poussé par les jeunes générations pour lesquelles le respect de l’environnement et de l’humain est une priorité. Mais ces initiatives ne seront-elles pas avortées avec un pétrole à US$30 le baril ?

Non, pas sur le moyen terme, car inexorablement, le pétrole remontera. La demande mondiale est là et l’élan industriel n’a connu, pour le moment, qu’une crise temporaire et donc limitée dans le temps.

Sur le court terme, bien sûr, le pétrole peut rester à des niveaux bas voire même encore baisser, mais la consommation des énergies fossiles a entamé son déclin… 

Nonobstant le prix du baril, les compagnies ont anticipé ce changement de tendance et ont d’ores et déjà massivement investi dans la réduction de leur empreinte carbone. Ne vont-elles pas marquer une pause dans cette transition ?

Je n’ai aucun doute sur le fait que les démarches engagées ne seront pas supplantées par les fluctuations du pétrole et le potentiel effet économique associé.

L’écologie est une chose et l’économie en est une autre. Le carburant est un des postes principaux des transporteurs (près d’un quart des dépenses) et ceux-ci, pour des questions de rentabilité évidentes veulent réduire la part de l’énergie dans les comptes de résultats.

D’autre part, les fluctuations du prix du baril poussé à la hausse comme à la baisse par les tensions géopolitiques et la situation sanitaire et économique des principaux consommateurs, ne permettent pas d’avoir de visibilité sur les évolutions des cours. Il est donc normal que les transporteurs cherchent à minimiser leur exposition aux risques et donc à réduire leur consommation de carburant.

Le mouvement est plus qu’engagé, poussé en particulier par les prescriptions du gouvernement envers les compagnies dont Air France. La flotte du transporteur est en cours de renouvellement. Le réseau et les capacités sont remis en question. Il y a une convergence des actions entre la demande sociale, celle des politiques et les directions des compagnies aériennes.

Se déplacer en entreprise était un signe de puissance et de réussite d’une organisation et de ses membres. Qu’en sera-t-il demain ?

Le voyage va rester au cœur de l’activité humaine, mais sa consommation sera plus raisonnée. Dans le domaine des déplacements professionnels, les entreprises vont avoir une tendance à contrôler et à limiter les voyages à ceux strictement nécessaires. Cette limitation ne sera pas le fer de lance des seules directions, car même les collaborateurs sensibilisés à la problématique environnementale sont proactifs dans les actions permettant un meilleur respect de l’humain et de son environnement.

Cette action sera d’autant plus facilitée par la montée en maturité de la technologie. Les offres existent et elles se fiabilisent. Les acteurs et les législations s’adaptent et de nouvelles entreprises naissent et proposent des alternatives ou bien des améliorations majeures issues de développements directement réalisés en prenant en compte la voix des clients.

La chasse aux coûts ne va-t-elle pas être la norme ?

35% des voyages pourraient être substitués par des moyens alternatifs digitaux. Beaucoup de dirigeants en ont rêvé et trouvent, en la crise du Covid-19, le déclencheur qui va permettre la prise en considération de ce potentiel d’économie. Mieux, la pression des actionnaires, des clients et des acteurs des organisations va pousser à la transition.

Les nouveaux moyens de communication sont maintenant efficaces et il va être possible de mesurer non seulement l’efficacité des ressources, mais également leur efficience au travail. Cela va révolutionner le management dans les entreprises. C’est clairement la fin du management vertical qui était déjà en porte-à-faux. Un nouveau modèle doit urgemment être défini, car les collaborateurs ont besoin de repères.

A World For Travel traitera de tous ces points et focalisera sur les moyens qui permettent la transition ainsi que sur la façon de financer, de prioriser et d’implémenter les actions. Les conséquences seront décortiquées, tant côté utilisateurs que prestataires.

Les participants et les intervenants débattront sur la façon dont on rendra opérationnelles les actions permettant l’obtention de résultats à court et moyen terme. Le cadencement des actions sera également sur le devant de la scène.

Des actions ont d’ores et déjà été engagées, mais elles ne seront pas suffisantes. Le voyage pour tous et à tout prix pose d’énormes problèmes et doit être traité en priorité.

Quelles seront les offres abordables qui respecteront les nouvelles valeurs et qui séduiront tant les consommateurs que les investisseurs ? Ne pas se poser la question et agir condamnerait le monde du voyage dont celui des déplacements professionnels.

A World For Travel sera donc une approche réellement novatrice mobilisant tous les acteurs conscients qu’un retour au « monde d’avant » n’est plus et surtout pas acceptable.