Le congrès 2025 de Manor aura forcément une saveur particulière pour le président du réseau, Grégory Mavoian, puisqu'il se déroulera sur la terre de ses origines. En marge d'un autre congrès, celui des Entreprises du Voyage, il nous en parle.
Grégory Mavoian, c'est inscrit dans votre nom : vous êtes d'origine arménienne. Vous présidez le réseau Manor et son prochain congrès se déroule en Arménie. On a du mal à ne voir qu’une coïncidence entre ces deux faits…
Grégory Mavoian : Effectivement, le congrès Manor se déroulera en Arménie du 8 au 11 octobre - et non en novembre comme c'est habituellement le cas, pour maximiser nos chances de bénéficier d'une belle météo. Et effectivement, ce serait mentir de dire qu'il n'y a pas de lien avec mes origines. Mais d'où m'est venue l'idée… C'est qu’à l’issue de notre dernier congrès, à Cannes, les gens m'ont dit "Ça va être compliqué de faire mieux" : mieux que la montée des marches du Palais des Festivals, c'est vrai, c'est difficile. On a toujours eu l'habitude de se réinventer et je me suis demandé ce qu'on pouvait faire non pas de mieux mais de différent. Peut-être faire découvrir une nouvelle destination, une destination que peu aujourd'hui ont pratiqué. Et là, effectivement, j'avais un petit avantage parce que je suis d'origine arménienne. Et je suis quasi sûr que 95% des gens n'y sont jamais allés.
La découverte des paysages, mais aussi la découverte d’une culture, j’imagine. Qu’est-ce que vous aimeriez faire partager à vos adhérents durant ce séjour ?
La découverte d'un peuple monde. Un peuple qui a une culture multimillénaire. Avec une diaspora dans le monde entier, plus importante que celle vivant sur la terre d'Arménie. C'est la seule démocratie de la région et c’est aussi l’un des berceaux de la chrétienté. C'est un peuple qui a énormément souffert et qui mérite. Un peuple qui a énormément à partager, avec une culture très profonde. C'est pour moi un grand bonheur de contribuer à faire connaître tout cela… Mais aussi de mettre en évidence des opportunités business parce que c'est un pays qui, comme le disent les Arméniens, recèle des “hidden tracks”, des trésors cachés encore très peu exploités. Or, les agents de voyage sont là aussi pour découvrir et vendre de nouvelles destinations. Et quand je dis ça, je rappelle que, désormais, Manor, historiquement “business travel”, marche désormais sur ses deux jambes avec Manor Loisirs (suite au rapprochement avec Papmut, la centrale d’achats du réseau loisir Prêt à Partir, ndr).
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Quand vous organisez, l’an dernier, votre congrès à Cannes, vous n’êtes qu’un événement parmi des centaines d’autres. En Arménie, on imagine que c’est différent et que l’accueil a été particulièrement chaleureux, surtout quand l’interlocuteur s’appelle “Mavoian”...
Oui, on a été accueilli très chaleureusement. Mais au-delà de mon nom, il y a quelque chose qui est très important et qui n’est pas forcément intuitif : les liens très forts qui unissent l'Arménie et la France. Il y a bien sûr Charles Aznavour, le plus connu des Arméniens au monde, qui disait “Je suis 100% arménien et 100% français". Et je vous confie que j’ai, moi aussi, ce sentiment-là. S’il était encore parmi nous, il aurait bien sûr chanté pour le congrès ! Pour revenir à ce lien : quand Macron vient en Arménie, ce sont des milliers de personnes qui l'acclament. Je pense qu'il aimerait bien être à pareille fête en France (rires). Quand tu dis à des Arméniens que tu es français, tu es le roi du pétrole : ils nous adorent. Parce qu’il y a une forte communauté en France, parce que la France a toujours soutenu l’Arménie… Et, bien sûr, la récente panthéonisation de Missak Manouchian (le 21 février 2024, à l’occasion du 80ème anniversaire de son exécution par les nazis, ndr) ou la reconnaissance du génocide de 1915 nourrit ces liens très forts.
Vous parlez arménien ?
Oui. Bien que né en France, jusqu'à ma scolarisation à l’âge de 4 ans, je ne parlais qu'arménien. Mes parents aussi sont nés en France. Ils sont retournés en Arménie, sous l’ère communiste, et n’ont pas pu quitter le pays. Après Staline, quand il y a eu une toute petite ouverture, ils sont rentrés en France. Comme tous les Arméniens, ils ont vécu une vie terrible sous le joug du communisme.
Quand j’étais tout jeune journaliste et que je travaillais pour les pages “Val de Marne” du Parisien, j’ai été surpris d’apprendre qu’Alfortville était, après Marseille, la ville la plus “arménienne” de France…
Ah oui ? Vraiment ? C’est à Alfortville que mes parents sont arrivés en France ! Et, pour ne rien vous cacher, je suis né à Alfortville ! C’est la capitale, Alfortville ! (rires)
Quittons Alfortville et l’Arménie pour parler du contenu du congrès. 2023 fut le congrès du business model des TMC. En 2024, celui de l’annonce du GIE Loisir et du développement de votre SBT maison en partenariat avec Wondermiles. Sous quel signe l’édition 2025 se placera-t-elle ?
Désolé mais pour le début de ma réponse, je vais encore rester un peu en Arménie… Contrairement à notre habitude, notre programme ménagera une journée entière de visites avec, notamment, la découverte de sites classés au patrimoine de l'UNESCO, des lieux très typiques. Je ne vais pas tout dévoiler, mais ça va être une très, très belle journée, avec des événements, des surprises, notamment autour de la musique, les chants... Mais je ne veux pas “spoiler”. Quant à la thématique, ce sera la performance. Pour parler de ce sujet, il y aura bien sûr des acteurs importants du travel. Mais aussi l'ancien patron du MEDEF, Geoffrey Roux de Bézieux. Dans un monde qui est incertain, je pense que l’enjeu de la performance s’impose.
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