« Les impacts territoriaux du télétravail : angle mort des politiques publiques ? », tel est l’intitulé de la note d’analyse publiée cette semaine par France Stratégie, institution autonome placée auprès du Premier ministre. Le transport y occupe une place importante, alors que les nombreux travaux produits avant ou depuis la crise sanitaire se sont surtout intéressés aux impacts du télétravail en termes d’organisation au sein de l’entreprise, de productivité et de conditions de travail, mais peu à ses effets directs ou indirects sur les territoires.
La note de France Stratégie, qui porte notamment sur les grandes métropoles étudiées en priorité dans la note, soit Lyon, Toulouse et Rennes, s’intéresse d’abord à la mobilité du quotidien. Le télétravail a en effet conduit à réduire la fréquentation des transports en commun, à Paris comme dans ces agglomérations, surtout les lundis, mercredis et vendredis, et aux heures de pointe.
Les déplacements longue distance ont fait l’objet d’un focus particulier dans l’enquête. Premier constat : en train, qu’il s’agisse du TGV ou des Intercités, les déplacements professionnels n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant 2019, « probablement en lien avec une baisse de la mobilité subie grâce notamment au développement des visioconférences ». Sur la ligne Lyon-Paris par exemple, le télétravail est une donnée parmi d’autres, et France Stratégie n’observe pas d’évolution majeure de la fréquentation, mis à part un pic du lundi matin moins marqué et des horaires de départ plus étalés.
L’analyse note dans le même temps des répercussions financières pour les opérateurs. En effet, à partir de trois jours de télétravail, est observée une réduction des achats d’abonnement par les usagers. Certaines régions ont mis en place des « abonnements télétravail » (deux ou trois déplacements par semaine), mais ceux-ci n’ont que peu de succès.
Dans la Métropole toulousaine, seul système territorial observé au cours de la mission ne bénéficiant pas d’une liaison directe en TGV avec l’Île-de-France, il faut noter la nette diminution des navettes aériennes Paris-Toulouse passant de 3 à 2 millions de navetteurs par an entre 2019 et 2023. Le trafic domestique en général n’a retrouvé que 70 % de son niveau de 2019. L’ouverture de la ligne à grande vitesse entre la capitale et la cité toulousaine, prévue entre 2030 et 2032, devrait réduire encore la part du trafic aérien.
Selon les responsables aéroportuaires, cette baisse du trafic ces dernières années ne peut toutefois être imputée que partiellement au télétravail. Ils y voient surtout les effets de l’augmentation du prix des billets et de la généralisation des visioconférences permettant d’éviter de se déplacer pour une réunion. Cette évolution se traduit par une réduction des séjours courts (la journée) au profit de séjours plus longs (trois à quatre jours).
Rappelons que le recours au télétravail est d’autant plus important que la distance domicile-travail est longue.