Yesdriveme, pour louer un chauffeur… sans voiture !

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Yesdriveme, pour louer un chauffeur sans voiture !

Yesdriveme propose les services d'un chauffeur pour conduire votre propre véhicule. Une solution pour le déplacement pro que détaille Thom Mpanjo, fondateur et CEO de la startup.

En quoi consiste Yesdriveme ?

Thom Mpanjo - C'est très simple : c'est une plateforme internet sur laquelle on se connecte pour louer les services d'un chauffeur qui va conduire votre propre véhicule. Vous indiquez la date, les points de départ et d'arrivée, les étapes éventuelles et vous obtenez votre chauffeur. Yesdriveme (YDM) est en fait le premier fournisseur de voitures autonomes, sauf que le conducteur, ce n'est pas un robot mais un humain !

Yesdriveme, pour louer un chauffeur sans voiture !Qui sont les utilisateurs de YDM ?

Beaucoup de séniors qui font appel à nous parce qu'elles veulent conserver leur indépendance, leur liberté, leur véhicule en dépit de leur âge qui rend parfois difficiles certains trajets en tant que conducteurs. Dans ce cas, YDM pourrait s'assimiler à cette tendance de plus en plus répandue chez les séniors qui consiste à faire le choix de vivre chez soi plutôt que dans un EHPAD et de prévoir l'assistance appropriée. On revendique notre statut d'acteur de la silver economy : offrir de la mobilité à 15 millions de séniors en France, c'est un vrai et bel enjeu ! Mais  ce n'est qu'une partie de notre clientèle : nous travaillons pour des concessionnaires automobiles afin d'acheminer les véhicules à leur nouveau propriétaire, nous pallions à des retraits de permis, des retours de soirées dont on sait qu'elles seront "arrosées"... Et, bien sûr, il y a la clientèle professionnelle.

Justement, en quoi YDM peut être utile au déplacement professionnel ?

Typiquement, je suis un avocat, un directeur de chantier ou le cadre dirigeant d'une entreprise, et j'habite Paris. Je dois me rendre à Rouen dans la journée et j'en profite aussi pour visiter un client à Dieppe. En faisant appel à nos services, le temps total des trajets sera d'environ 7 heures plutôt que 10 si j'utilise le ferroviaire : je n'ai qu'à quitter mon domicile pour monter dans ma voiture où m'attend mon chauffeur, je n'ai pas à me soucier des horaires de train, de leur éventuel retard, de la prolongation d'un de mes rendez-vous... Mais en réalité le gain de temps est bien supérieur à ce différentiel de 3 heures : durant les 7 heures de trajet, je peux travailler. La prestation YDM m'aura coûté entre 400 et 450 € environ. Quelle que soit la course, quel que soit le type de clientèle, notre avantage essentiel relève du bien-être et de la sécurité. Mais en ce qui concerne la clientèle pro, il y a en outre une dimension économique évidente : le temps utile dégagé, celui où s'exerce la vraie valeur ajoutée du professionnel. C'est pourquoi on pense que ce segment est très porteur et constitue un axe de développement évident pour nous. Aujourd'hui, un tiers de notre portefeuille clients est professionnel et représente environ 50 % des 7.000 courses annuelles que nous effectuons. 

Pourquoi faire appel à YDM plutôt qu'à Uber ?

Je pourrais vous répondre que vous trouverez toujours un chauffeur YDM à Frontignan. Un VTC, c'est moins sûr... Cet argument est juste mais il est incomplet. Je pense que nous ne sommes tout simplement pas sur le même segment de marché. Les services que nous proposons sont trop différents pour que nous soyons concurrents. YDM est bien plus adapté à des trajets longs, notamment. Mais pas uniquement... Je vous donne un exemple d'un service que nous sommes en train de mettre en place : dans le cas d'un retrait de permis, on va proposer un forfait d'environ 2.500 € par mois pour disposer d'un chauffeur tous les jours. C'est évidemment impossible pour une entreprise de VTC.

Comment sélectionnez-vous vos chauffeurs ?

Nous disposons actuellement de 850 chauffeurs, nous en aurons un millier d'ici la fin de l'année. Il y a d'abord une sélection sur des critères évidents : une bonne moralité, une bonne maîtrise de la conduite attestée par les relevés d'assurance, une bonne présentation... Mais en plus de ces basiques, on entend insuffler un "esprit" YDM, que nos chauffeurs disposent de "soft skills" qui fassent la différence. C'est en grande partie rendu possible par le fait que nos chauffeurs ont un statut indépendant, sont chauffeurs YDM en complément d'une autre activité et que leurs profils sont en conséquence très divers. Je donne quelques exemples : quand c'est possible, la dame âgée sera "drivée" par un chauffeur qui est aussi infirmier dans un souci de "care" ; le notaire, par un jeune agent immobilier pour créer du lien ; la personnalité exposée, par un ancien militaire pour rassurer...

Moins "soft skill" mais tout aussi capital pour la clientèle pro, qu'en est-il de la facturation et de l'assurance ?

D'abord, il est important de préciser que le tarif est connu avant que la prestation soit effectuée. L'édition de la facture est possible et très accessible à partir du site internet de YDM et peut être envoyée par nous au service compta de l'entreprise. Concernant l'assurance, le premier point à noter, c'est que dans le cadre de l'assurance de votre véhicule propre, on est dans le cas d'un "prêt occasionnel" prévu par tous les contrats. En cas d'incident ou d'accident dont la responsabilité incombe à notre chauffeur, c'est, bien sûr, notre assurance qui couvre.

La crise sanitaire et ses conséquences est-elle de nature à favoriser votre offre ?

En termes sanitaires, c'est évident : le fait d'être dans son propre véhicule, de ne pas être le x-ième passager de la journée, constitue une sécurité. Mais au-delà, les notions de protection, de bien-être, de duty of care des entreprises dans le cas de déplacements professionnels, particulièrement boostées durant cette crise, plaident en faveur de notre solution. Si j'y ajoute la réorganisation du travail avec le développement du télétravail, tout porte à croire que oui, on va de plus en plus opter pour notre solution.

Pourquoi un site internet plutôt qu'une appli mobile ?

C'est vrai qu'aujourd'hui, par convention, toute innovation se doit d'être déclinée en appli mobile. C'est d'ailleurs le choix que nous avons fait au départ. Mais nous avons finalement décidé de nous réorienter vers l'option internet pour deux raisons. D'abord, nous sommes une startup qui n'a pas fait de levées de fond : depuis 2015, date de la création de YDM, nous sommes en autofinancement. On ne fait pas les choses "pour se faire plaisir" mais parce que c'est utile à notre clientèle. Et c'est là la deuxième raison : notre première clientèle s'est avérée être des personnes âgées ou des professions libérales - des avocats notamment - qui ne sont généralement pas de gros utilisateurs d'appli. Ce qui ne veut pas dire qu'on considère l'appli mobile comme inopérante pour notre service, la preuve : parce que notre clientèle rajeunit, on est en train de la développer. 

Outre le développement de cet appli, quels sont vos objectifs à court terme ?

Continuer à développer le segment senior de notre activité - nous venons d'ailleurs de signer un contrat avec les Chaînes thermales du Soleil qui prévoit 45.000 courses (l'acheminement de résidents) sur les trois prochaines années - et le développement de notre clientèle business. Et ces deux axes sont complémentaires : le fils, la fille, le petit-fils ou la petite-fille de profil pro se faisant prescripteurs du service YDM auprès de ses parents ou grands-parents, et inversement ! Comme je vous le disais, nous effectuons environ 7.000 courses par an actuellement. Nous en visons 25.000 en 2021 et 70.000 sur les 3 prochaines années, dont 50 % de déplacements pros.