Retards aériens : c’est pas ma faute, c’est celle du contrôleur aérien…

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«Notre vol Air France aura une demi-heure de retard, nous prions les passagers d’excuser les contrôleurs aériens responsables de ces perturbations, actuellement occupés à un tournoi de bridge interne. Vous pourrez les remercier après l’atterrissage». Sans aller jusque là, les contrôleurs aériens accusent certains employés d’Air France de justifier les retards de la compagnie en […]

«Notre vol Air France aura une demi-heure de retard, nous prions les passagers d’excuser les contrôleurs aériens responsables de ces perturbations, actuellement occupés à un tournoi de bridge interne. Vous pourrez les remercier après l’atterrissage». Sans aller jusque là, les contrôleurs aériens accusent certains employés d’Air France de justifier les retards de la compagnie en invoquant des grèves de zèle du contrôle aérien.
Quand un vol a du retard, quand le décollage traîne en longueur, quand l’avion tourne deux heures au-dessus de l’aéroport avant de se poser, il faut bien un coupable pour orienter son agacement. C’est tout naturel pour un voyageur. Avant 2010, la cible idéale était la compagnie aérienne, et pour des raisons de proximité évidentes, le commandant de bord. Même l’hôtesse de l’air pouvait en prendre pour son grade. Après tout, c’est elle qui annonce la mauvaise nouvelle. Mais depuis le mois de janvier et les révélations de la Cour des Comptes sur leurs conditions de travail, ce sont les contrôleurs aériens qui sont dans le viseur des passagers. Le vol est retardé ? Encore un contrôleur en RTT. Les conditions météo sont défavorables ? Sûrement un contrôleur qui n’a pas vu le vent tourner à force de se tourner les pouces en sirotant des cocktails en salle de repos. Le réchauffement climatique ? Encore un coup des contrôleurs aériens. L’amalgame fait entre le temps de travail global des contrôleurs aérien - comprenant des plages de repos indispensables - et leur temps de travail effectif, en a fait des cibles parfaites pour justifier les aléas du trafic aérien. Et selon le syndicat du contrôle aérien UNSA-ICNA, c’est exactement ce que font certains employés d’Air France. Dans un communiqué, le syndicat dénonce les dérives récentes de certains personnels au sol ou navigants de la compagnie qui, devant leurs passagers, tentent de justifier leurs retards en invoquant d’imaginaires grèves ou même une soi-disant «grève du zèle» des contrôleurs aériens. Le syndicat se défend et met en cause une demande de trafic parfois ponctuellement en excès par rapport à la capacité offerte par le contrôle aérien, comme c’est souvent le cas l’été. Les contrôleurs en profitent pour mettre à mal la politique gouvernementale de réduction des effectifs dans la fonction Publique, également à l’origine de perturbations selon eux.
Avis aux amateurs: si le syndicat indique être persuadé que les propos calomnieux à l’encontre des contrôleurs aériens ne restent l’oeuvre que de quelques personnes isolées et ne représentent en aucun cas l’avis officiel de la compagnie Air France, il affirme qu'il n’hésitera pas à réagir avec fermeté, et attaquera en justice toute diffamation publique des contrôleurs aériens.

Alexis Dufour