Carrefour des Experts GBTA (1/2) : « les grandes compagnies aériennes vont traverser la tempête »

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Le chapitre France de la GBTA (Global Business Travel Association) a organisé son Carrefour des Experts Travel et MICE cette année en virtuel, fin septembre. Thème de l’une des tables rondes : « Les compagnies aériennes post-covid : l’impact sur vos programmes aériens » . La première partie de notre compte rendu porte sur la santé des compagnies. Quels sont leurs facteurs de risques ? Pourquoi certaines tiennent-elles mieux le choc que d’autres ? Et comment les faillites risquent d’impacter les clients corporate ? Éléments de réponse.

Les compagnies aériennes, face à une demande toujours atone et aux restrictions de vols sans précédent, jouent leur survie. Aides gouvernementales, restructurations, refonte des plans de vols… toutes les mesures sont bonnes pour surmonter cette crise.

En introduction, Aurélie Duprez, Founding Partner d’Areka Consulting et animatrice de la table ronde, a détaillé les caractéristiques propres aux compagnies, à même de conditionner ou non leur survie à la pandémie. Et de mentionner d’abord leur niveau de trésorerie et leur endettement.

Priorité aux avions plus petits et moins gourmands en fuel

« L’effondrement de certaines compagnies est inévitable. Le niveau d’endettement est trois à quatre fois supérieur à ce qu’il était avant la crise. Et pour certains transporteurs, il devient impossible à supporter« , a-t-elle souligné, constatant qu’il existait aujourd’hui un grand nombre de compagnies aériennes de taille moyenne, dont le niveau de cash était faible.

Certains indicateurs sont en revanche favorables aux low-costs, le mix-trafic plus orienté court-moyen courrier, ainsi que les structures de coûts. Les grandes compagnies aériennes bénéficient, elles, du soutien décisif des États. D’autres éléments s’avèrent importants pour la santé des transporteurs aériens. « Le niveau de saisonnalité a aussi un impact. Pour certaines d’entre elles, la saison estivale est critique, surtout en Europe« , a rappelé Aurélie Duprez.

Autre constat, les compagnies ont des approches différentes en matière d’opérations de couverture des achats du carburant. « Celles-ci s’avèrent bien souvent avantageuses, beaucoup moins en revanche quand le cours du fuel est bas« . Et de citer un dernier élément, le mix d’appareils, permettant à certaines compagnies de privilégier des avions moins gourmands en kérosène et de moindre capacité dans une période de demande faible.

Un phénomène de concentration est par ailleurs observé dans les périodes de crise. « Les précédentes ont bouleversé le ciel américain. Quatre compagnies aériennes détiennent à elles seules aujourd’hui 84% de parts du marché US, a relevé Aurélie Duprez. Cette tendance de fond est perceptible en Europe, où les compagnies, nombreuses, essayent d’améliorer leurs marges et de multiplier les synergies« .

Comment savoir qui va survivre et qui ne va pas réussir à surmonter la crise ? L’interrogation est d’autant plus vive que la situation d’une compagnie peut se dégrader très vite. Pour les observateurs du secteur, la bonne nouvelle, c’est tout de même que la plupart des compagnies aériennes vont traverser la tempête.

Les cinq leviers d’Air France

L’exemple d’Air France est à ce titre instructif. « Depuis le début de la crise, nous avons surtout joué sur cinq leviers pour assurer notre survie, a indiqué François Maigné, responsable des comptes globaux Air France-KLM. « Le premier a été l’ajustement des capacités, le second a concerné notre flotte avec notamment l’accélération de la sortie des quadri-réacteurs, les A340 et A380, très gourmands en carburant. Un autre gros levier a été la protection de la trésorerie, afin d’éviter de se retrouver à court de cash. A cela se sont ajoutés des plans de départ volontaires des différentes catégories de personnel. Et bien entendu, comme dans les autres compagnies, nous avons engagé un gros travail de fond sur la révision de nos process, pour améliorer la productivité« .

Les acheteurs et travel managers sont bien sûr très sensibles au risque que courent les compagnies aériennes. « D’un point de vue achat, nous devons nous assurer de la santé financière de celles qui font partie de notre programme global. Mais en cas de faillite d’un transporteur, qu’il fasse partie ou non de celui-ci, nous devons faire le point sur les routes impactées, et identifier à l’adresse de nos collaborateurs des solutions de transport alternatives » a souligné Ondine Bedetti, Global Lead Buyer Travel chez BNP Paribas. Et cette dernière de noter que les compagnies avaient nettement amélioré leur communication ces derniers mois, afin notamment de mieux informer sur leur santé financière.

Lire notre deuxième compte rendu de la table ronde