Air France, Alitalia : le poker menteur

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Alors que la compagnie française vient de démentir l'information qui lui attribuait une rapide montée au capital d'Alitalia, la presse italienne revient sur le sujet et évoque des "discussions serrées" entre Rome et Paris pour une reprise rapide du transporteur aérien transalpin.

Clef de toute cette affaire : la fin de la période de "lock up", le 12 janvier prochain, qui permettra aux actionnaires actuels de négocier librement la vente de leurs actions. Air France - qui détient actuellement 25 % du capital de la compagnie italienne - ne souhaiterait pas voir l'affaire lui échapper alors que des rumeurs de reprises par d'autres groupes européens pourraient être d'actualité d'ici à la fin de la semaine prochaine. Pourtant, la compagnie française a été plus que précise : "Air France-KLM confirme qu'il n'y a aucune négociation sur le rachat de tout ou partie des actions détenues par les investisseurs italiens". Mais la presse italienne maintient qu'à ce jour, seule Air France serait intéressée par le dossier compte-tenu des investissements déjà réalisés et de l'apport que pourrait avoir la compagnie italienne sur les hub de Paris et d'Amsterdam. Encore que, la compagnie française dispose d'un chevalier blanc, Etihad. Selon Les Echos de ce mardi, La compagnie émiratie serait prête à acheter les parts de certains actionnaires minoritaires d'Alitalia qui souhaiteraient sortir du capital du transporteur aérien italien. Cela a du sens : la prospère Etihad a signé en octobre un accord commercial avec Air France, et son entrée au capital permettrait d'éviter que des actions Alitalia tombent dans des mains hostiles. En attendant, selon Les Echos, qu'Air France soit suffisamment rétablie pour pouvoir faire une offre de rachat, en numéraire ou en actions.
Spéculations ? Difficile de démêler le dossier sans se demander où se trouve la réalité des faits. Air France n'a effectivement pas actuellement les moyens de s'engager dans la reprise d'une compagnie qui perd 630 000 € par jour. Un chiffre à ajouter aux 730 millions d'euros de déficit déjà enregistrés. C'est ce qui fait dire aujourd'hui que la pression des Italiens sur le groupe franco-néerlandais n'est pas dénuée d'intérêt, même si les arguments utilisés ne reflètent pas forcément la réalité. Quant aux actionnaires, ils ne disent rien sur leurs intentions. Selon la RAI, il y aurait du Berlusconi dans toute cette affaire. Le condottiere qui prône une compagnie italienne aux italiens aurait "aménagé" cette rumeur pour jouer sur la fibre patriotique de nos voisins italiens. Air France ne s'est pas laissé prendre au piège.
Mais a t-elle raison, au moment ou concentration et fusion sont les deux mots à la mode du transport aérien ?

Hélène Retout