Air France, un coup d’épée dans l’eau !

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La colère gronde chez les salariés d'Air France après une réunion du CCE qui n'a débouché sur rien de très concret. Seule confirmation, 1.000 départs volontaires seront engagés en 2017. Il reste à savoir quels seront les personnels concernés. Pour les syndicats, la direction navigue à vue, sans projet solide. Frédéric Gagey affirme que globalement, le plan B devrait bien concerner 2900 postes.

"Pourquoi pénaliser les salariés qui se sont pliés aux attentes des premiers plans d'économie", demande Didier Fauverte, secrétaire CGT du CCE qui s'interroge sur la vision d'entreprise que veut proposer Alexandre de Juniac. Environ 3000 personnes ont manifesté à quelques pas de l'hôtel où se tenait la réunion, se disant pour beaucoup "dégoûtées" d'une situation qui laisse le personnel dans l'incertitude.

Frédéric Gagey, le PDG d'Air France, a confirmé lors d'un point presse qu’environ un millier de postes seraient supprimés en 2016, selon lui "sur la base de départs volontaires". Il estime que "Ce serait une grave erreur de cesser la mutation de l'entreprise", précisant : "Les résultats d'Air France sont meilleurs que par le passé, mais pas encore au niveau des objectifs à moyen terme". Les experts estiment que la compagnie, si elle n'est pas dans le rouge cette année comme cela semble s'annoncer, aurait aujourd'hui des coûts de production et un endettement qui lui interdisent d'améliorer sa rentabilité, ses projets de développement et notamment ses indispensables investissements dans de nouveaux appareils.

Il reste que les salariés ne savent pas qui est concerné, ce qui amplifie l'inquiétude. Des négociations doivent reprendre, a priori le 6 novembre selon les propos d’une représentante de la CFDT au Figaro. La première réunion concernera les personnels au sol. D'autres discussions auront lieu pour les pilotes et les hôtesses et stewards. Par ailleurs et selon la même représentante CFDT, le calendrier de mise en place du plan Perform 2020 pourrait être revu et se prolonger au-delà de 2017.

Les syndicats se déclarent très inquiets de ne pas en savoir davantage, leurs représentants ont voté au cours du CCE et à l’unanimité un "droit d’alerte". Une procédure qui n'est pas suspensive, mais permet de lancer "une expertise sur la stratégie, sur le plan de développement et sur l'emploi", selon les propos de Miguel Fortea, secrétaire général de la CGT Air France. Un cabinet d'experts sera missionné par le CCE et devrait travailler jusqu'à fin janvier.
 
Que fera l'Etat face à cette situation ? Selon les rumeurs qui circulent dans l'entourage du premier Ministre, les hypothèses de travail sont limitées et se résument à trois pistes:
- calmer le climat social en trouvant un fusible (comme le patron d'Air France)
- intervenir dans le dossier en apportant des avantages fiscaux à la compagnie
- laisser faire l'actuelle direction au risque d'une explosion sociale à quelques mois des présidentielles.

Pour l'heure, la tension n'est pas plus retombée que les inquiétudes des salariés. Un CCE pour rien ?