Baromètre mai 2012 Mondial Assistance – DeplacementsPros.com : les voyageurs d’affaires se soucient peu de leur sécurité

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Traditionnel mois des ponts en raison d'un grand nombre de jours fériés, Mai est peu représentatif du marché du voyage d'affaires. Pour cette nouvelle édition du Baromètre, nous nous sommes surtout intéressés à la santé et à la sécurité du voyageur. Un sujet fort pour les entreprises qui travaillent depuis des années à améliorer ces deux thématiques pour leurs voyageurs d'affaires. "La responsabilité sociale et légale de l'entreprise exige qu’elle protège ses salariés en déplacement", explique Alain Joyet, sociologue d'entreprise qui affirme que "Du côté des salariés, cette préoccupation est loin d'être essentielle". Et cette nouvelle étude le prouve : le principal souci des voyageurs réside dans la bonne exécution du déplacement. Pas d’inquiétude majeure pour leur santé ou leur sécurité. Pire, l'anticipation est loin d'être assumée par toutes les sociétés : "On constate que la gestion du problème a posteriori est la technique la plus souvent utilisée", reconnait Alain Joyet. "Alors que l'on dispose de toutes les données d'un voyage (billets, horaires, réservation hôtelière), rares sont les voyageurs qui possèdent sur eux le numéro de téléphone d'un médecin parlant Français, du téléphone H24 de leur agence ou de tout autre élément permettant de résoudre les difficultés médicales ou sécuritaires rencontrées". Si les très grandes sociétés savent anticiper ce type de problème, la grande majorité le traite un peu rapidement en se contentant d'un abonnement par ci par là à des structures spécialisées sans pour autant informer leurs voyageurs. Un vase chantier à engager pour les PME/PMI.


1) Lors de vos déplacements à l’étranger, la sécurité est pour vous un élément :

Baromètre mai 2012 Mondial Assistance - DeplacementsPros.com : les voyageurs d'affaires se soucient peu de leur sécurité
- Très important : 17 %
- Assez important : 13 %
- Peu important : 41 %
- Pas important du tout : 29 %

Alain Joyet : Voilà bien la confirmation de ce qu'affirment les acheteurs voyages depuis quelques années : leurs voyageurs se soucient relativement peu de leur sécurité alors que, pour l'entreprise, c'est devenu un point capital. Compte tenu des destinations privilégiées des voyageurs d'affaires français pour leurs déplacements professionnels, il est vrai que les risques sécuritaires sont relativement faibles en Europe et dans une grande partie des pays industrialisés. À l'évidence, le voyageur qui part généralement pour des séjours de courte durée sur place se soucie peu des risques qu'il encourt, du moins ne les perçoit pas directement. On peut se dire, cependant, qu'en cas de problème sur place, il ne manquera de signaler ces faiblesses à son employeur.

2) Vous êtes vous déjà senti en danger au cours d'un déplacement professionnel ?

- Oui, souvent : 3%
- Oui, parfois : 6 %
- Rarement : 67 %
- Non, jamais : 24 %

Alain Joyet : Il faudrait bien entendu déterminer ce que l’on entend par « danger ». Mais ces réponses confortent tout de même la première question et qui démontrent que le sentiment du danger est relativement faible dans l'univers du voyage d'affaires. Faut-il y voir le signe d'une certaine inconscience ? Pas forcément, tant que l'on ne rencontre pas de problèmes lors de ses déplacements. Dans le cas contraire...

3) La crainte d'une destination vous a t -elle déjà fait refuser de voyager ?

- Oui : 6%
- Non : 94 %

Alain Joyet : Selon les études réalisées par le Ministère des Affaires Etrangères, le nombre de nos concitoyens qui se déplacent dans des zones à risques pour leurs affaires est relativement limité. Il semblerait que moins d'un millier de personnes par an se retrouvent dans des zones où leur sécurité physique serait en danger. Généralement, par l'assistance de structure spécialisée dans l'accompagnement, les entreprises s'entourent de toutes les sécurités nécessaires pour éviter les moindres problèmes. Parfois même, elles anticipent comme pour les destinations Niger ou Mali et les pays où les risques d'enlèvement sont élevés.

4) Diriez-vous que, depuis deux ans, votre sécurité à l’étranger s’est :

- Très nettement dégradée : 4%
- Dégradée : 8 %
- Améliorée : 69 %
- Nettement améliorée : 19 %

Alain Joyet : Il faut sans doute voir dans ces résultats deux éléments : la prise en compte du risque sécuritaire par les différentes directions des entreprises et les mesures de prévention et d’information qui y ont été associées, indéniablement. Mais aussi le poids des médias, particulièrement sensibles aux faits divers internationaux, et qui soufflent souvent le chaud et le froid sur des destinations bien éloignées de la réalité rencontrée par les voyageurs. L'exemple de Moscou est très révélateur des fausses craintes souvent répercutées par la télévision ou la radio. Sur cette destination, les informations fournies aujourd'hui au sein des entreprises détaillent très clairement les lieux à éviter, les usages à respecter et les règles à suivre pour éviter tout souci. Une situation que l'on rencontre dans d'autres pays comme le Brésil, la Colombie ou certains états américains, réputés dangereux.

5) En matière d’insécurité à l’étranger, quels évènements craigniez-vous le plus :

(réponses multiples possibles)
- Un vol : 71 %
- Une agression physique : 68 %
- Une catastrophe naturelle : 66 %
- Un rapt/un enlèvement : 14%

Alain Joyet : il est vrai que l'on ne part pas à l'étranger en s'inquiétant à l'avance de ce qui pourrait arriver sur place. Très logiquement, la peur du vol est celle qui est la plus souvent manifestée par les personnes interrogées, qui craignent de perdre leurs documents d'identité ou leurs outils de travail (ordinateur ou téléphone portable). La peur de l'agression physique se comprend tant, là aussi, les informations en provenance des grandes capitales du monde démontrent que la violence est présente un peu partout. Pour autant, si l'on regarde les chiffres publiés par le Ministère des Affaires Etrangères ce type d'incident sur place reste relativement limité. Il y a plus de pertes de passeport que de vol, notamment ! Mais les exemples de catastrophes naturelles ne manquent pas et frappent les esprits. Que ce soit le tsunami au Japon, les tremblements de terre en Italie, les coulées de boue en Amérique du Sud, les inondations en Chine, il est clair que l'on peut difficilement se protéger d'un événement de ce type. D'autant plus que l'information fournie en amont par l'entreprise ne peut anticiper ce type d'accident, redouté par les voyageurs d'affaires.

6) Avez vous déjà été victime d'une agression lors d'un déplacement professionnel ?

- Oui : 9 %
- Non : 91 %

Alain Joyet : A priori, les 9 % de personnes interrogées qui ont déclaré avoir été victimes d'une agression lors d'un déplacement professionnel sont celles qui se sont le plus souvent retrouvées à l'étranger dans des situations délicates ou dans des pays compliqués. Si l'on tient compte de la répartition des générations de voyageurs, on a constaté que très peu de 25/35 ans ont été victimes d'une agression à l'étranger. Sans doute parce que leur expérience est limitée. Le chiffre est en plus forte hausse chez les 40 - 55 ans qui voyagent souvent depuis plus d'une vingtaine d'années voir plus pour certains. Mécaniquement et statistiquement, ils ont pu être confrontés à davantage de délinquance. A noter que la définition même du terme «agression» est complexe tant elle regroupe deux situations différentes.

7) Lorsque vous partez en mission à l’étranger pour le compte de votre société, estimez-vous que votre entreprise met en œuvre ce qu’il faut pour assurer votre sécurité ?

- Oui tout à fait : 58 %
- Oui plutôt : 22 %
- Non pas vraiment : 14 %
- Non pas du tout : 6 %

Alain Joyet : Voilà des résultats bien étonnants ! Alors que depuis quelques années les voyageurs d'affaires affirment ne pas très bien connaître les mesures de protection dont ils disposent en déplacement professionnel, ils se disent rassurés par l'environnement de leur entreprise. Ils considèrent qu’a priori, toutes les garanties ont été prises pour la sécurité de leurs déplacements professionnels. Au-delà, confortés par les expériences volcan islandais, beaucoup affirment qu'ils font confiance à leur entreprise pour assurer leur rapatriement, leur sécurité et prendre en charge l'ensemble des mesures pour leur permettre de rentrer chez eux. Même sentiment de sécurité en cas de maladie sur place ou là aussi l'entreprise est perçue comme parfaitement roder à la gestion de ce type de difficultés.

8) En cas d’insécurité lors d’un déplacement à l’étranger, pensez-vous être couvert par votre contrat d’assurance-assistance voyage ?

- Oui je suis couvert : 33 %
- Oui je pense être couvert : 24 %
- Non je ne suis pas couvert : 2 %
- Non je ne pense pas être couvert : 3 %
- Je ne sais pas : 38 %

Alain Joyet : Voilà bien toute l'ambiguïté de ce type d'enquête. D'un côté, le voyageur d'affaires fait parfaitement confiance à son entreprise pour assurer sa sécurité et de l'autre, il ne possède que peu d'informations sur la nature du contrat qui lui garantit cette sécurité. Pire, 38 % d'entre eux partent en voyage d'affaires sans connaître la nature de leur couverture et sans savoir s'ils disposent éventuellement d'un contrat d'assurance/assistance voyage dans l'entreprise. À l'évidence, beaucoup de voyageurs d'affaires ne posent pas directement la question de leur garantie sécuritaire ou médicale lors d'un déplacement professionnel, se contentant tout naturellement de faire confiance à leur entreprise en cas de problème. De fait, il semblerait que peu d'entreprises communiquent sur cette thématique, se bornant à assurer leurs salariés que tout a été fait pour les protéger à l'étranger.

9) En cas de souci de santé lors d’un déplacement à l’étranger, savez-vous comment contacter les organismes de secours d’urgence sur place ?

- Oui : 17 %
- Non : 83 %

Alain Joyet : En cas de souci de santé, il est évident que le voyageur d'affaires se retourne d'abord vers son entreprise avant de contacter directement le ou les services susceptibles de l'aider sur place. Malgré le décalage horaire, les salariés font confiance à leur structure interne pour les aider à résoudre un problème médical. Là encore, il est surprenant de constater que les voyageurs ne disposent pas de toutes les informations complémentaires à leur voyage d'affaires. S'ils possèdent les données commerciales de leur voyage, les données stratégiques de leurs déplacements, ils ne sont pas toujours en possession des éléments complémentaires pourtant indispensables à l'étranger.

10) En cas de problème de santé à l'étranger, savez-vous à quel médecin vous adresser ?


- Oui ; 24 %
- Non : 76 %

Alain Joyet : Pour en avoir vu beaucoup, je sais que peu de livret sur la "mobilité dans l'entreprise" mentionnent le nom d'un médecin à consulter sur la destination visitée. Il s'agit là encore d'une information que possède souvent l'entreprise - pour les plus importantes - mais qui n'est pas forcément diffusée avec le carnet de voyages ou les éléments techniques du déplacement professionnel. L'idée d'une carte numérique, automatiquement mises à jour avec le carnet de voyages, fait lentement mais sûrement son chemin dans les entreprises. Si les sociétés du CAC 40 ont largement anticipé ces besoins, on se rend compte que plus de 80 % des petites et moyennes entreprises ne sont pas forcément conscientes des dangers encourus par leurs voyageurs d'affaires et se bornent à considérer que le problème se réglera une fois posée et non par anticipation.

11) En cas de souci de santé lors d’un déplacement à l’étranger, que faites - vous :

- Vous consultez un médecin local : 4 %
- Vous faites de l'automédication : 56 %
- Vous attendez votre retour en France : 4 %
- Vous attendez que les symptômes disparaissent : 9 %
- Vous appelez votre médecin en France : 9%
- Vous appelez un proche en France : 18 %

Alain Joyet : C'est le bons sens qui pilote. Mieux, chacun agit selon le regard qu'il porte sur la maladie et ses conséquences : diminution des capacités professionnelles, incapacité de réfléchir rapidement, absence de lucidité face à ses interlocuteurs. Bien évidement, c'est la nature même du souci de santé qui va piloter la réaction. Peu de points communs entre un simple souci gastrique et une perte de connaissance. On remarquera que pour 18% des personnes interrogées, prendre conseil en France, auprès d'un proche, reste un réflexe fort là où 54% des voyageurs d'affaires, sans doute par expérience, savent quels médicaments prendre pour gérer leur souci.