DG d’Air France, bataille d’influence pour un nom : Guérin ou Juniac ?

219

On aurait pu croire que les dés étaient jetés et que la nomination du numéro deux d'Air France, à savoir son nouveau Directeur général, allait se faire en quelques minutes pendant le conseil d'administration qui se tient actuellement à New York. Alexandre de Juniac, l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, faisait état de favori et sa nomination, soutenue par Pierre-Henri Gourgeon, était présentée comme une simple affaire de procédure. C'était sans tenir compte des pilotes et de Jean Cyrille Spinetta, pour qui ce poste doit être attribué à un professionnel de l'aérien.

Le nom était tout trouvé : Lionel Guérin. Et voici la bataille engagée. D'un côté Juniac, un homme rompu aux arcanes politiques, fin stratège et soutenu par le pouvoir en place qui possède plus de 15% de la compagnie. De l'autre Guérin, un vrai spécialiste du transport aérien, ancien pilote, patron de la low cost d'Air France (Transavia) et fondateur d'Airlinair. Ajoutons à cette carte de visite la présidence de la FNAM (Fédération nationale de l’aviation marchande) qu'il occupe depuis près de 8 ans et vous aurez sans doute le profil idéal de celui qui connaît tous les travers mais aussi toutes les qualités d'une compagnie aérienne comme Air France. L'amitié qui le lie à Jean Cyrille Spinetta est solide. L'ancien patron opérationnel d'Air France, aujourd'hui Président exécutif du groupe, était même au premier rang des vieux complices lors de la remise de la Légion d'honneur à Lionel Guérin. Autres atouts qui plaident en faveur du "pilote", la reconnaissance de ses pairs (qui possèdent quand même 9,8% du capital de la compagnie) et un terrible sens de la négociation sociale. Autant le dire, la bataille va se se jouer entre le politique et l'homme de l'art.
Comme aux courses, on connait les "bêtes" mais on ne les juge que pendant l'effort. Manifestement le Conseil est partagé. Pierre-Henri Gourgeon se montre pour la première fois opposé à son ancien mentor Spinetta et plaide en faveur du politique. Aurait il donné des gages au moment du renouvellement de son mandat, au début de l'été ? Il faudra en tous cas que le Conseil tranche rapidement, les difficultés ne sont pas loin. Quelque soit l'homme choisi, il faudra s'engager dans un plan de rigueur drastique (entre 700 et 800 millions d'euros à très court terme) et lutter contre les low cost qui envahissent le marché français. Incontestablement, la logique plaide en faveur de Lionel Guérin même si, comme le disaient les vénitiens, "L'homme compte peu quand les enjeux sont ailleurs".
Résultat des courses ? Sans doute début octobre... A moins que le consensus ne soit plus difficile à obtenir !

Marcel Lévy