Henri de Peyrelongue, DG Europe Air France : « Nous travaillons à retrouver la rentabilité du moyen courrier »

300

Décidée à rétablir sa situation financière, Air France concentre une grande partie de ses efforts à restructurer son secteur Moyen Courrier. A l’occasion de l’ouverture de Stavanger, Henri de Peyrelongue - directeur général Europe & Afrique du Nord AFKLM - détaille la stratégie de la compagnie pour redonner des couleurs à son programme Europe.


DéplacementsPros : Air France a inauguré son vol biquotidien Paris CDG – Stavanger le 8 avril 2014. Pourquoi avoir choisi de vous développer sur Stavanger ?

Henri de Peyrelongue : Stavanger est une opportunité intéressante pour Air France pour deux raisons. La première, c’est une destination pétrolière, la capitale pétrolière de la Norvège. Elle abrite entre autres le siège de Statoil et un peu près 40 ou 50 % des habitants qui travaillent dans le pétrole. Le sens de cette desserte est ainsi de permettre aux gens de Stavanger de pouvoir se rendre vers le reste du monde dont des destinations pétrolières, mais également aux gens de l’extérieur de venir dans ce haut lieu du Business pétrolier. De plus, cette ouverture s’inscrit dans notre stratégie plus globale d’être leader sur le marché Oil & Gaz. On a entre autres récemment augmenté les fréquences sur Libreville l’année dernière en passant de 5 à 7 fréquences, ainsi que Pointe noire. Au Nigeria, nous sommes présents sur trois villes.
Le deuxième élément est la combinabilité avec KLM qui offre aujourd’hui 5 vols quotidiens entre Amsterdam et Stavanger, soit un de plus que l’année dernière. Entre les fréquences vers Roissy et celles de Schiphol, nous offrons 12 opportunités de correspondance pour New York par jour. Le client peut choisir pratiquement à l’heure près son itinéraire. Cela permet également des allers via Paris et des retours via Amsterdam, et inversement. Sur Houston, nous sommes à deux opportunités de correspondance avec des temps assez courts, 1h30 seulement.

DéplacementsPros: Quels sont les premiers retours de cette ligne ?

Henri de Peyrelongue : Nous avons très peu de recul sur cette destination ouverte depuis seulement 15 jours. C’est donc très difficile à dire. C’est essentiellement une destination corporate lorsqu’on regarde les booking. Ce qu’on peut dire à l'heure actuelle, c’est que les engagements sont favorables. On semble sur la bonne voie.

DéplacementsPros: Le moyen courrier peine à revenir dans le vert. Comment Air France opère sa restructuration ?

Henri de Peyrelongue : La stratégie d’Air France sur le Moyen Courrier est la restauration de la rentabilité. Sur cet axe là, on cherche à renforcer l’utilisation des avions, affecter les bons avions sur les bonnes routes. On ajuste les avions en fonction de la demande. Mais on fait également cet exercice entre les avions régionaux opérés par Hop! et les Airbus d’Air France. Par exemple, pour Stavanger la route était plus adaptée un module de taille inférieure que les Airbus. C’est pourquoi c’est un Embraer de 76 places de Hop! qui est déployé sur cette route. Nous cherchons aussi vraiment à adapter l’offre à la demande en fonction de la saisonnalité. Et si des routes ne sont pas rentables, nous réduisons la capacité voire parfois nous pouvons les supprimer. En parallèle du travail sur la rentabilité de nos lignes, notre responsabilité est également de saisir et identifier les opportunités qui se présentent. La destination pétrolière de Stavanger en est le parfait exemple.

DéplacementsPros: Avez-vous de nouvelles cibles en Europe ?

Henri de Peyrelongue : A ce stade, nous n’avons pas d’autres projets. Mais pour identifier nos prochaines ouvertures, nous suivrons la démarche utilisée pour Stavanger à l’ensemble du territoire européen. C'est-à-dire une collaboration extrêmement étroite entre les équipes centrales d’Air France et les équipes locales qui apportent des informations plus qualitatives sur les destinations. Elles relèvent notamment les entreprises présentes, celles qui pourraient voyager et qui ne sont pas encore identifiées comme telles dans les statistiques aéroports. Nous travaillerons également avec les organisations locales comme les chambres de commerces. Si l’ensemble des parties estime qu’il y a une matière à un business plan positif : on ouvrira une ligne en faisant attention de choisir le bon avion et les bonnes fréquences.

DéplacementsPros.com: L’amélioration de l’expérience client est l’autre cheval de bataille d’Air France pour revenir dans le vert et (re)séduire les passagers. Comment travaillez-vous sur ce point?

Henri de Peyrelongue : On travaille en effet sur l’amélioration de l’expérience client afin de devenir la compagnie préférée des passagers Premium. L’idée est d’être dans un processus vertueux d’amélioration : être à l’écoute de nos clients ou des nouvelles tendances et de réagir rapidement, puis attendre à nouveau les feedbacks. Par exemple, les clients nous ont interpellé sur les correspondances de Roissy. Nous avons collaboré avec l’aéroport sur les circuits et la signalisation. On a maintenant un gain de temps pour les correspondances de 10 minutes sur CDG. Nous avons également repensé l’expérience au sol surtout dans nos aéroports européens avec la SkyPriority ou la rénovation de nos lounges. En vol, nous avons fait des efforts sur le catering, les sièges et la relation passagers/PNC. Les premiers effets se font voir. Nous avons observé une perception positive de nos améliorations tant sur nos statistiques internes que sur le verbatim de nos clients. Nous devons maintenant travailler à le faire savoir.

Entretien réalisé par Sophie Raffin