L’avenir contrasté du transport aérien, selon Iata

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Chaque jour, 10 millions de passagers prennent place à bord des avions, occupant 100 000 vols/jour selon les chiffres publiés par Iata ce 8 décembre 2016. Sur fond de pétrole pas cher et de restructurations, l’industrie du transport aérien mondial affiche des profits records cette année 2016, mais 2017 s’annonce plus contrasté. Les compagnies aériennes multiplient leurs achats d’appareils mais vont-elles les rentabiliser ?

La traditionnelle conférence annuelle de Iata fonctionne comme un thermomètre du transport aérien, une industrie clé pour les déplacements professionnels. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’analyse de l’association mondiale des compagnies aériennes est pour le moins contrastée.

Pour 2016, tout va plutôt bien : les profits ont atteint un niveau record de 35,6 milliards de dollars, grâce à une augmentation du trafic des passagers de 5,8% et à un pétrole très contenu. C’’est un tout petit peu moins bien qu’attendu par iata, à cause la baisse de la croissance économique et à l'augmentation de 2% des coûts hors carburant. Mais tout de même mieux qu’en 2015 (35,3 milliards de bénéfice net).

Pour 2017, Iata anticipe une nouvelle hausse du trafic mais moins importante, de 5,1%. Ce serait – si ce chiffre est confirmé – la plus faible croissance depuis 8 ans. Et l'association s'attend à une hausse du pétrole - qui a commencé - et va de fait contrarier les profits des transporteurs.

1000 appareils de plus en 2017

Il reste que les compagnies poursuivent leurs investissements. Pour moderniser leur flotte avec des appareils dont l’exploitation est moins coûteuse. Mais aussi pour augmenter les dessertes. La flotte mondiale devrait grossir de 1.000 avions en 2017 avec 28.718 avions en fonction, selon les chiffres de Iata, et près de 39 millions de vols. Le nombre de passagers transportés devrait ainsi flirter pour la 1ère fois avec les 4 milliards, selon ses estimations. Côté fret, le transport devrait s'étendre à près de 56 millions de tonnes, contre 53,9 millions en 2016.

Certes les besoins de déplacements augmentent mais l’augmentation des capacités fait baisser les taux d’occupation des appareils sous les 80% en moyenne. Mauvais signal. Et la concurrence fait baisser le prix des billets, deuxième inquiétude pour les compagnies. Selon les calculs de Iata, le prix moyen d'un billet d'avion est en baisse de 63% depuis 1995 et cette tendance à la baisse s'accélère : 407€ en 2015, 363€ en 2016, 351€ prévu en 2017. Favorable aux déplacements professionnels, cette tendance l’est moins pour la rentabilité des transporteurs !

Iata pourrait rappeler les compagnies à la raison et leur suggérer de ralentir le nombre d’avions ou de lignes mais l’association en appelle plutôt aux gouvernements qui selon Alexandre de Juniac "ne facilitent pas le travail de l'aviation avec leurs politiques fiscales" et ne parviennent pas, pour ce qui concerne l’Europe, à un ciel unique européen. Selon lui, le Brexit ne va pas améliorer la situation ni permettre la restructuration du contrôle du trafic aérien qu’il réclame.

Il s’inquiète également des risques terroristes qui transforment les aéroports en cibles. Le chef de l'IATA a appelé les gouvernements à partager davantage leurs données entre eux et avec l'industrie aéronautique. Il affirme que l’Iata sera aussi plus active sur ces questions. Représentant 269 compagnies aériennes dans le monde entier, elle peut avoir un rôle déterminant sur le sujet.