Les nouveaux challenges des aéroports occidentaux

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Les résultats de trafic des aéroports sont publiés régulièrement. Ainsi sait-on parfaitement le nombre de passagers, le nombre de mouvements d’appareils et leur classement mondial. Et les tendances lourdes se dessinent parfaitement.

D’abord une régression, certes relative des aéroports américains et européens qui trustaient les premières places il n’y a pas si longtemps. Mais dans les dix premiers, on n’en trouve maintenant plus que 5 : Atlanta (1), Los Angeles International (4), Chicago O’Hare (6), Londres Heathrow (7) et Paris Charles de Gaulle (10). La même proportion : 50% se constate également sur le classement des Top 20 et des Top 30 mondiaux. Sans surprise les autres places sont occupées par les plateformes asiatiques à la notable exception de Dubaï qui pointe à la troisième place. D’ici 2 ans les 3 plus gros aéroports mondiaux dépasseront 100 millions de passagers annuels, ce qui est d’ailleurs déjà le cas d’Atlanta.

Il n’y a pas si longtemps les sociologues s’interrogeaient sur les conséquences funestes de faire évoluer de telles quantités de populations dans un espace aussi retreint qu’un aéroport. Eh bien c’est chose faite et paradoxalement cela semble se passer plutôt bien. Pourtant il a fallu affronter deux challenges particulièrement délicats. D’abord la sûreté. Le transport est la cible toute désignée pour les malfaisants de tout poil qui veulent faire parler d’eux. Il a bien fallu se défendre contre les intrusions malveillantes lesquelles ne peuvent se faire que par les aéroports. Et puis les questions environnementales se sont invitées, et comment, dans la stratégie de développement des aéroports. Plus de passagers concentrés dans un espace somme toute limité entrainent un surcroit de mouvements d’avions lesquels ont pour conséquence des nuisances sonores peu acceptées par des riverains qui se sont pourtant installés à cause de la proximité des aéroports, et des émissions de gaz à effet de serre, pour lesquels les aéroports n’y sont pour rien.

Le gigantisme et la complexité des installations aéroportuaires deviennent par contre très difficiles à supporter par les clients qui doivent subir directement les conséquences de la croissance du transport aérien. Deux contraintes sont particulièrement difficiles à accepter par les passagers : la signalétique extérieure très souvent déficiente et les passages aux différents filtres d’inspection et de police. Cela conduit les clients à devoir prendre des précautions de plus en plus grandes quant à leur horaire d’arrivée car ils ne peuvent pas anticiper le temps qu’ils devront mettre avant d’atteindre leurs salles d’embarquement qu’ils soient ou non en correspondance. Dans ce dernier cas le stress infligé aux passagers est encore plus terrible.

Or dans un futur très proche on assistera à une combinaison de vols entre les « low costs » et les compagnies traditionnelles. Qui va alors prendre en charge les passagers en correspondance ? Ni les premiers transporteurs ni les autres ne voudront assurer la responsabilité du transfert des passagers et de leurs bagages. Dans le cas de vols internationaux, ce qui va être le cas de la majorité des clients en correspondance il faudra pouvoir anticiper le temps à passer aux filtres de police. Rajoutez à cela la tendance naturelle à acheter des billets le moins cher possible lesquels ne sont ni revalidables, ni remboursables et vous aurez une idée du stress que les clients subissent lorsque la queue pour passer les différentes filtres peut prendre plusieurs heures.

C’est là où les aéroports ont un vrai rôle à jouer. Jusqu’à présent ils considèrent qu’il leur suffit de mettre les installations à la disposition des passagers, très souvent d’ailleurs de façon payante, pour se dédouaner de la suite. Cela ne sera plus possible. Les grands aéroports devront fournir et à leurs frais des services complémentaires, indispensables au traitement des clients. C’est d’abord l’assurance du temps à passer dans les différentes queues. Il ne suffira pas d’annoncer le temps d’attente, il faudra bien sécuriser un délai maximum pour franchir les filtres de polices ou de sûreté. Alors on m’explique que les autorités aéroportuaires ne contrôlent pas les policiers ou les douaniers qui eux n’ont aucune contrainte d’accès à l’avion. Eh bien, il faudra bien que les aéroports prennent cette question à bras le corps. Ceux qui réussiront à garantir un temps de passage raisonnable gagneront le choix des clients. Pour aller de Toulouse à Chicago les clients peuvent passer par Paris Charles de Gaulle mais aussi par Francfort ou Londres Heathrow. Le prix sera à peu près identique mais leur choix sera guidé par les facilités que les aéroports mettront à leur disposition.

Les grandes plateformes asiatiques se sont sérieusement attaquées au sujet. Les techniques de reconnaissance ont fait de considérables progrès. Les aéroports européens tout comme d’ailleurs les américains sont attendus au tournant.

Jean-Louis BAROUX