SNCF, l’été de toutes les difficultés

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Contrairement à ce que j’ai pu lire ici et là, parfois même sur DéplacementsPros, se déplacer l’été en train n’est pas une tâche facile. Au-delà de la sur-fréquentation naturelle pendant la période des vacances, il faut se rendre à l’évidence : l’organisation de la SNCF est défaillante et ne répond pas aux attentes de ses clients.

Pour une petite entreprise comme la nôtre, le train est un moyen de transport essentiel qui permet à nos 150 salariés chargés de mission et de maintenance de se rendre chez nos clients au départ de Paris. L’utilisation du train s’est avérée naturelle lorsque l’on sait que la plupart des comptes que nous suivons se trouve dans les grandes villes françaises aisément desservies par le ferroviaire. Pour nous, les atouts sont nombreux : confort, temps de travail disponible sans oublier la diminution sensible de la fatigue que pourraient entraîner la route et les encombrements de l’été.

Qui dit maintenance souligne l’imprévisibilité de nos voyages. C’est un point noir qui empêche la réservation anticipée et peut conduire au déplacement de trois ou quatre personnes sur le même site de production. Nous gérons régulièrement de telles situations que ce soit pour palier à l’absence d’une pièce mécanique indispensable ou l’intervention d’un spécialiste informatique non prévu à l’origine. Idem pour la fin de mission, totalement aléatoire en fonction du souci rencontré sur place. Il nous est arrivé de faire deux heures de train pour 9 minutes de travail.

Nous sommes loin d’être naïfs et nous savons bien que l’été, quelles que soient les années, tous les déplacements sont complexes et souvent plus longs. Mais nous n’imaginions pas que 2017 allait battre tous les records. Retards fréquents, désorganisation de la réservation en gare via des automates fatigués sans oublier les imprévisibles qui transforment un trajet de deux heures en plus d’une demi-journée. Que dire aussi de l’organisation tarifaire pendant cette période de l’année. Contrairement à ce qui s’est dit et écrit, nous avons constaté sur le seul mois de juillet une hausse de 4,15 % de notre budget ferroviaire sans que les destinations que nous fréquentons soient nouvelles. À l’évidence, le fameux yield management a dû s’enrichir de l’expérience touristique de l’an dernier pour pénaliser le coût du transport aux heures les plus demandés de la journée.

Parmi les petits désagréments rencontrés par nos voyageurs, on pourrait aussi évoquer le wifi, gratuit dans les gares mais souvent non fonctionnel ou en panne. Toujours lui vers Bordeaux ou Lyon qui offre des vitesses de connexion digne d’une course d’escargots. Je ne parle pas des innombrables petits dysfonctionnements liés à la fameuse sur fréquentation ou à l’absence de contrôles efficaces dans les trains, surtout en 1ère classe qui sert alors de déversoir à des passagers bruyants, ravis de partir en vacances.

Je pourrais évoquer la voiture-bar vide une heure après le départ ou le hall de gare surchargé, à l’odeur peu agréable. Ajoutons qu’au départ de Paris, le salon « grand voyageur » est souvent inaccessible faute de places assises et les journaux disparus depuis longtemps !

Voilà donc l’image du train pendant l’été. Celle que nous connaissons depuis des années et qui, loin de s’arranger, plonge dans l’insupportable. Je sais bien qu’il est difficile de demander au seul patron de la SNCF de tout gérer. Non, ce que je lui demande c’est de valider son organisation, de la contrôler via des chefs de service présents sur le terrain. Pour moi, c’est la conscience professionnelle des cheminots qui est cause, leur "amour du travail bien fait", comme me l’a récemment expliqué sur un quai de gare un cheminot gréviste.

Tout cela a pourtant l’air simple à mettre en place mais au quotidien, personne n’y arrive encore.

Jean F.
Responsable des services généraux et des déplacements professionnels

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