Air France, Perform 2020 une vision trop technique ?

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Dans quelques heures, à l’occasion de l’Investor Day, Air France KLM lèvera le voile sur l’avenir de la compagnie. Au menu de ce second plan de relance, baptisé Perform 2020 : des réductions de ligne, la montée en puissance du low cost et la réforme du court et moyen-courrier. Peu d’annonces spectaculaires sont prévues mais un grand nombre d’ajustements techniques.

Ambiance particulière aujourd'hui chez Air France avec l'annonce très attendue ce jeudi aux investisseurs des détails de ce Perform 2020 dont les grandes lignes lignes semblent désormais connues mais dont la mise en oeuvre provoque un préavis de grève déposé pour une semaine par les pilotes. Les investisseurs représentent un thermomètre clair sur la crédibilité du projet destiné à redresser les comptes et en particulier ceux du court et moyen courrier. Il reste que choisir un 11 septembre pour faire ce type d'annonce "big-bang" provoque une légère stupeur dans les couloirs de l'entreprise.

Selon nos sources, Alexandre de Juniac devrait évoquer devant les analystes financiers les bases de province, trop chères et peu adaptées aux besoins actuels. Mais à cette heure, au-delà du dernier Plan de départs volontaires annoncé, aucun plan précis ne sera développé. Le groupe pourrait fermer progressivement les routes internationales au départ des bases de province, ce qui n'arrangerait pas forcément les voyageurs d'affaires. Mais slon une source au SNPL, «Les routes internationales depuis les Bases, en particulier au départ de Marseille, sont responsables de 35% des pertes totales d’Air France point à point ». Un axe qui va permettre de réduire les pertes sans pour autant atteindre un équilibre financier. La mission du « point à point » confiée à Lionel Guérin ne fait que commencer. Difficile d’en avoir déjà les premiers résultats. Seule certitude, il faudra un jour ou l’autre réajuster le nombre de salariés opérationnels sur les escales françaises. La bataille sociale sera rude. Qui s’en chargera?

Si la vision client s’est matérialisée par la montée en gamme, des services et des équipements, elle ne saurait se limiter aux seules annonces de ce type. Beaucoup de cadres affirment désormais qu’il faut adapter l’offre aux clients : «A chaque segment de marché doit correspondre un modèle économique et une marque» entend-on. C'est sur ce principe qu'une Transavia Europe serait chargée de regrouper toute l'offre loisir européenne... tout en luttant contre des low cost qui séduisent largement les voyageurs d'affaires aujourd'hui.
Comment tout cela va t-il se mettre en place, voilà la question posée par les pilotes et le personnel du groupe mais aussi par les entreprises qui ont pris l'habitude d'utiliser ces lignes à pas cher en Europe, et les succès d'EasyJet sur ce créneau ou l'arrivée apparemment percutante de Ryanair le confirment. La Transavia européenne devrait bénéficier d'un milliard d’euros, être dotée de 100 avions, les chiffres sonnent bien mais ils ne pourraient être que de la com'. Les bases aujourd’hui envisagées dans la vision paneuropéenne de Transavia sont depuis longtemps ratissées par Ryanair ou Eaysjet. Le pricing est devenu une arme essentielle sur le low cost. Quid de tout cela pour répondre très concrètement aux problèmes du court et moyen courrier d'Air France ?

En interne, on espère aussi qu’Air France KLM s’attaquera au développement du long courrier. La bataille qui fait rage dans le ciel européen ne fait que débuter. On peut compter sur Emirates, Qatar ou Etihad pour l’amplifier. Air France pourrait annoncer une réorganisation de ses lignes afin d’optimiser le hub parisien et hollandais. Là aussi des pistes de travail devraient être proposées.

C'est à toutes ces questions que doit répondre le plan Perform 2020. Plus une: au-delà du redressement de la compagnie, quelle véritable stratégie pour Air France vis vis de ces clients ?