SNCF, l’indispensable réforme

231

Les propos de la Ministre des transports, Madame Elisabeth Borne, ont sans doute choqué les cheminots même s'ils étaient empreints de bons sens. Sans annoncer qu'elle souhaitait la fermeture de gares ou de lignes, elle veut engager une réflexion avancée sur le futur du train en France. Officieusement, personne n'élimine l'option "refonte du réseau". Mais personne, aujourd'hui, ne veut le confirmer !

En confiant la mission à Jean-Cyril Spinetta, ancien PDG d'Air France connu pour sa générosité syndicale lors de son passage au sein de la compagnie aérienne, la Ministre s'engage sur une voie pentue et délicate. Celle de la bataille du rail dont les enjeux se devinent tous les jours quel que soit le réseau utilisé, TGV, TER voire RER sur la partie pilotée par SNCF.

Que va faire de cette mission un ancien spécialiste de l'aérien ? Sans doute pas grand-chose car, pour ne pas déplaire aux salariés, il se limitera sans doute à évoquer un changement de process comme il l'avait fait à Air France. Propos pessimistes, me direz-vous. Sans doute ai-je jugé avant de voir mais le passé éclaire toujours l'avenir. Monsieur Spinetta va se rendre compte que pour un consultant SNCF, "Faire et défaire c'est toujours du chemin de fer", comme dit la formule des cheminots. Mais Madame Borne veut régler les problèmes et vite, puisqu'elle a demandé livraison du rapport pour le début d'année.

Première difficulté à laquelle nous sommes confrontés tous les jours : le prix du billet ! Une récente actualité démontre que pour des périodes données, Noël pour ne pas la citer, les tarifs s'envolent au prétexte d'un yield que nous connaissons bien. Aujourd'hui 220 € pour un Paris/Bordeaux en train sur un voyage d'une journée, c'est plus cher qu'un Paris New York sur Norwegian.

La SNCF est toujours incapable de maîtriser ses couts qu'elle répercute allègrement sur le consommateur. Faut-il abandonner l'idée qu'un train doit s'arrêter partout ? Oui, c'est indispensable à l'équilibre des comptes. Je n'ai rien contre les villages perdus de nos départements mais je suis persuadé que l'on peut trouver des solutions moins onéreuses que le rail.

Que peut-on faire concrètement ? Penser à des transports alternatifs. Exemple concret dans une région que je connais bien : l'Auvergne. Des dizaines de TER dont certains ne transportent que 5 à 10 personnes à certaines heures du jour. On peut imaginer que mettre un train, déjà financé par la région, coûte plus cher qu'un Minibus qui ferait le même trajet aussi rapidement voire mieux. Cet exemple se multiplie à l'infini. Quant au TGV qui circule sur des lignes inadaptées à la vitesse… On comprend bien qu'il y a là une évidente absence de bon sens. Même si la question finale est toujours la même : qui paye ?

Là où la SNCF a été futée, c'est dans sa relation avec les régions. Désormais, on n'accuse plus le transporteur national mais les responsables régionaux, jugés coupables de supprimer des lignes faute de les financer. La boucle est donc bouclée.

Au sein de ma petite entreprise, moins de 100 personnes, on n'en est arrivé à se demander si le train était toujours adapté à nos prospections régionales. Certes pour les longues distances, c'est un atout… Cher mais utile. Sinon, nous avons repris nos voitures et complété notre parc avec deux modèles électriques pour la proximité (moins de 100 kilomètres). Le train est devenu une option loin d'être économique. Il faut donc peser son utilité.

Certes pour des sociétés au budget important, le train va se révéler un outil de travail comme un autre. Pour nous, chaque déplacement doit être réfléchi. Il y a une petite décennie, le train, alors compétitif, nous faisait faire des déplacements que nous ne faisons plus aujourd'hui.

Madame Borne a du pain sur la planche pour renouer les liens entre les clients et le train. Mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. Réorganiser, économiser,organiser, réfléchir… Doivent devenir les mors d'ordre de l'entreprise quitte à changer de dirigeant.
On fait rarement du neuf avec du vieux !

Jean Pierre M.

Texte édité par Hélène Retout