Un pilote d’Easyjet part en guerre contre l’air toxique des cockpits

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Selon le JDD, un pilote d'EasyJet vient de porter plainte contre X pour "atteintes involontaires à l'intégrité physique, mise en danger de la vie d'autrui et tromperie sur la qualité de l'air". Ce commandant de bord pense souffrir du "syndrome aérotoxique" après avoir été exposé à un air pollué dans les avions. Il s'agit d'une première en France.

Le commandant de bord d'EasyJet, Eric B, a souffert de plusieurs troubles comme des nausées, gastro-­entérites, de fatigue ou encore d'hyperventilation depuis 2009 et est en "inaptitude médicale temporaire" depuis juin 2015. Et il estime que son état de santé est dû à la présence de neurotoxiques dans le système de ventilation des appareils.

Comme l'explique le JDD, l'air présent dans le cockpit passe par les compresseurs des moteurs. Il peut alors être vicié par l'huile des moteurs qui contient, notamment, du phosphate de tricrésyle (TCP). Plusieurs vols ont d'ailleurs atterri en urgence ces dernières années car une fumée se répandait à bord. Mais, selon certains experts ces émanations seraient parfois invisibles et se remarqueraient seulement par une odeur de "chaussettes sales ou de chien mouillé". Après une exposition répétée à cet air vicié, certains membres d'équipage contracteraient le "syndrome aérotoxique". Les symptômes sont comme pour le plaignant nausées, mal de tête, fatigue, problèmes respiratoires mais également perte de mémoire et trouble de la vision.

Interrogée par le journal, EasyJet s'est voulue rassurante "Notre flotte est l'une des plus modernes au monde et nos avions conformes aux normes. Nous sommes engagés auprès des autorités et nous avons proposé de collaborer avec la CAA (Civil Aviation Authority) et l'EASA au sujet de la qualité de l'air en cabine. Nous sommes partisans d'une collaboration avec d'autres compagnies aériennes, constructeurs et secteurs industriels afin de mener des études à ce sujet". Air France a fait de même: "Il n'y a aucun argument pour dire qu'il existe un risque d'intoxication chronique. Les mesures réalisées par l'Ineris, organisme indépendant, en décembre 2015, ont montré que les niveaux de concentration mesurés, lors du fonctionnement nominal d'un avion, sont nuls ou proches de zéro pour les composants organiques volatils", a expliqué le porte-parole de l'entreprise.

Le "syndrome aérotoxique" est au cœur des préoccupations des pilotes et PNC américains, australiens, britanniques ou encore allemands depuis plusieurs années. Ils se mobilisent pour mettre en garde contre la toxicité de l'air dans les cockpits et les cabines. Boeing a même indemnisé l'hôtesse Terry William qui souffrait d'importants effets secondaires après avoir été exposée à de la fumée toxique.