7% des ponts français menacent de s’effondrer

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Quelques jours après la catastrophe de Gênes en Italie, où un pont routier s'est effondré, il convient de se poser la question sur l'état des infrastructures routières en France. Un rapport sur "l'état du réseau routier national non concédé" détaille la situation. Elle n'est pas particulièrement brillante, comme l'auront constaté tous les voyageurs d'affaires...

Cette étude réalisée entre octobre 2017 et février 2018, à la demande du ministère des Transports, se consacre aux 12.000 km d'autoroutes et de routes nationales gérées par l'État via les Directions interdépartementales des routes (en plus des 9.000 km concédés à des exploitants). Soit seulement 1,2% du réseau routier.

Mais, précise le rapport, "malgré sa longueur relativement modeste, le réseau routier national non concédé joue un rôle stratégique en termes de trafic et de liaisons logistiques" puisque qu'il concerne 18,5% du trafic routier. "Ce réseau représente pourtant l’une des infrastructures les plus empruntées au quotidien par les Français et l’un des maillons névralgiques du système de transport du pays".

Le rapport indique que "le réseau routier national non concédé a fortement vieilli ces dernières années. La dégradation des chaussées et des ouvrages d’art est préoccupante."

Par exemple, 17% des chaussées nécessitent des réparations structurelles; un tiers des 12.000 ponts aurait besoin de petites réparations; dans 7% des cas, les dommages sont plus sérieux, "présentant à terme un risque d’effondrement et donc la forte probabilité de fermer préventivement ces ponts à la circulation des poids lourds ou de tous les véhicules."

Au total, ce sont quelque 2.040km de chaussées de ce réseau qui sont en souffrance en France.

Le rapport indique également que, en moyenne, un pont situé sur ce réseau n'est réparé que 22 ans après l'apparition des premières dégradations et que 30% du parc d'ouvrages nécessite un entretien ou de grosses réparations.

"Les hivers rigoureux et les intempéries sont à l’origine de l’arrachement des couches superficielles des routes, précise le rapport. Si les voies ne sont pas réparées à temps, l’eau s’infiltre et attaque la structure de la chaussée. Le vieillissement de la chaussée est certes un phénomène naturel. Pourtant, dès lors que l’entretien est différé ou sous-estimé, la pérennité des ouvrages est menacée".

Depuis 10 ans, l'Etat a investit 666 millions d'euros par an pour l'entretien et la gestion de ce réseau non concédé. Soit environ 50.000€ par kilomètre. À titre d’exemple, "la somme consacrée à l’entretien des ouvrages d’art représente en moyenne 0,2% à 0,25% de la valeur à neuf des ouvrages. Selon certains experts internationaux (Suisse, OCDE), il faudrait un effort d’entretien quatre à sept fois supérieur (0,8 à 1,5%) pour préserver un ouvrage", indique le rapport.

Or, si l'Etat continue à dépenser 666 millions d’euros par an jusqu’en 2022, il lui faudra ensuite investir 1,3 milliards d’euros par an jusqu’en 2037 pour revenir à l’état actuel du réseau routier.

Dans le cas contraire, l'étude montre que 62% des chaussées seront alors très dégradées (contre 29% en 2017) et 6% des ponts carrément hors service.