Accor/Air France, un coup politique ou une erreur?

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Les boursiers ne sont pas convaincus du bien-fondé de la déclaration d’AccorHotels sur le rachat des parts de l’état dans le capital d’Air France. Pour Barclays, cité par CercleFinance.com, cette "décision irait à l'encontre des objectifs principaux d'Accor, à savoir l'acquisition d'hôtels pour grandir sur ce marché, et que le groupe n'en retirerait pas assez de bénéfices pour justifier l'opération". Le titre a été sanctionné en Bourse ce lundi.

Selon plusieurs banques privées, cette annonce ne serait qu’un "coup de pub" pour démonter les fortes possibilités d’investissement d’Accor après la vente d’HotelInvest. Et de justifier leurs propos : l’action d’AF était en hausse ce 4 juin alors que celle d’Accor subissait une chute sévère. Pourtant, tous reconnaissent que les 458 millions de la transaction pèsent peu face au 4,5 milliards que va rapporter la vente d’HotelInvest.

Mais si la logique industrielle est soulignée par tous les investisseurs, cette alliance avec une entreprise en très fortes difficultés n’est pas un atout fort pour la marque hotelière. A l’évidence, AccorHotels a beaucoup à apprendre du transport aérien. A apprendre mais pas forcément à développer au sein du transporteur. Le groupe est loin d’être rompu aux conflits sociaux et Sebastien Bazin n’est pas connu pour sa patience. Bref, une sorte de mariage de la carpe et du lapin pour les analystes qui soulignent pourtant que "l’idée d’associer le transporteur à l’hébergeur a du sens… Du moins sur le papier".

Masi au-delà des faits, c’est le calendrier qui peut étonner. Le temps d’Accor ne sera pas celui de l’Etat qui ne sait pas aller vite dans ce type de situation. L’imbroglio de la nomination du nouveau patron en est renforcée et en interne, la situation commence à lasser les meilleurs éléments du groupe AF/KLM. On évoque déjà des départs vers d’autres compagnies aériennes.

Bref, rien n’est aussi simple que semblent le dire les acteurs du dossier. Mais la surprise pourrait venir d’Emmanuel Macron qui veut agir en dirigeant d’entreprise plus qu’en Président. Il pourrait bien déjouer tous les pronostics et donner son accord à cette opération. Là, les vrais problèmes commenceraient. Un directeur d’hôtel se manie plus facilement qu’un pilote !