Air France adapte sa business et s’intéresse à l’aviation privée

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On l’attendait pour le mois de janvier, mais ce sera en février plus précisément le 4, à Châteauroux, qu’Air France présentera à une vingtaine de journalistes sa toute nouvelle classe « affaires ». Pourquoi Châteauroux ? Tout simplement parce que la compagnie transportera ses hôtes en avion privée… en l’occurrence Wijet. De là à penser qu'ils ont une idée derrière la tête....

À terme, Air France aimerait intégrer dans son offre la possibilité de louer des avions privés à sa clientèle «haute contribution» qui l’utilise le plus souvent pour des déplacements professionnels. D’où l’idée encore naissante de nouer un partenariat avec la société Wijet, fondée en 2009 par Corentin Denoeud et Alexandre Azoulay. Forte des expériences menées par d’autres compagnies, comme Lufthansa, Air France a bien compris qu’il était préférable de s’appuyer sur une structure existante plutôt que d’en créer une. Lufthansa n’avait pas caché en confiant à NetJet son activité de jet privé qu’il «était plus facile dans cet univers de sous-traiter que d’exécuter». En faisant le choix de Wijet, Air France ferait aussi le pari d’un prix attractif : 2200 à 2500 € l’heure de vol contre 5 à 6000 € chez NetJet.

Pour l’heure, l’expérience qui se déroulera à Châteauroux n’a pas d’autre but que de proposer à la presse de découvrir le nouveau siège business. Selon nos sources, son ergonomie a été renforcée, la qualité des matériaux améliorée et les différents moteurs rendus plus silencieux. Air France proposera un lit totalement plat dans une cabine reconfigurée. Dans un premier temps, seuls les 777 sont concernés. Autre innovation, l’introduction du Quick Change, qui permet de reconfigurer rapidement un avion en fonction de la période de l’année : plus de business l’hiver, plus de classe éco l’été. Cette variation permet en très haute saison d’offrir, toutes les semaines, un peu moins de 1100 sièges supplémentaires pour la clientèle « vacances ». Le principe n’est pas nouveau mais peu de compagnies l’ont adopté en raison d’un «temps de manipulation peu favorable à l’exploitation de l’avion» avait expliqué il y a deux ans à l’ITB Christopher Frantz de Lufthansa.

En interne, on évoque souvent cette nouvelle classe business comme une remise à niveau de ce qui se fait aujourd’hui dans le monde du transport aérien mondial. Air France va également intégrer de nouveaux services pour séduire les voyageurs et rendre l’expérience du voyage de plus en plus agréable. Si côté gastronomie la compagnie française a très largement fait ses preuves, il lui faudra justifier par des attentions et des petits détails les différences tarifaires souvent soulignées par les acheteurs de voyages. Autant de points déjà prévus et demandés par Alexandre de Juniac qui s’appuie sur ses propres expériences aériennes, en particulier celle de Singapore Airlines qu'il cite souvent comme une "référence".

La reconquête de cette nouvelle clientèle «affaires» par Air France se fera sans doute au fur et à mesure de l’installation des nouveaux sièges dans la flotte. Par expérience, on sait qu’il faudra entre 5 mois et deux ans pour arriver à uniformiser l’ensemble de la business class. Premier appareil équipé, en juin 2014. Air France sait aussi, que dans l’univers de la business 2 ans, c’est long, très long. D’autant que Singapour Airlines, Etihad ou Qatar Airways ont déjà annoncé une nouvelle refonte de leur business class. Emirates a annoncé au salon de Dubai qu’il aurait d’ici 5 ans une nouvelle classe avant « révolutionnaire ». Autant dire que la barre est placée de plus en plus haut.