Air France, et si Jean-Marc Janaillac voulait tout simplement partir ?

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Un brin provoc la décision du patron d’Air France/KLM ? C’est en tout cas le jugement des grévistes d’Air France qui se demandent aujourd’hui ce que cache le référendum. Tous ceux qui connaissent l’entreprise ne doutent pas du succès de l’opération qui va conforter « le boss » dans ses choix. Mais au-delà, une fois le résultat acquis, rien n’est gagné.

"Peut-on redresser un bossu ?", demandait Jean Marais dans le film éponyme. Air France est-elle pilotable sans psychodrame et dommages collatéraux ? A l’évidence, si le rôle d’un grand patron est d’affronter les bonnes et mauvaises situations, on peut se dire que "Trop, c’est trop". Et pour certains, l’état d’esprit de Jean-Marc Janaillac serait celui du boxeur qui constate que l’adversaire ne fait pas le poids même s’il n’arrête jamais de frapper.

Peut-on imaginer une échappatoire à cette situation ubuesque ? S’en aller serait dans la logique des choses. Au diable les équilibres précaires sans cesse remis en cause par quelques nantis persuadés d’un bon droit absurde et mortifère. Développer une entreprise demande de la sérénité et de la vision. Le combat perpétuel obère l’avenir et empêche de construire. Un chemin parsemé de herses ne devient jamais une promenade de santé.

Air France est un peu comme ces montagnes de sable qui s’effondrent dès que l'on commence à remonter leur pente.

Mais un grand patron ne lâche pas facilement, faute d’apparaître faible et sans volonté. Ce 26 avril prochain, Jean-Marc Janaillac va fêter ses 65 ans. Partir dans cette situation serait signe de lâcheté. Pour cet énarque, la tentation de faire autre chose est une piste réelle et sérieuse même si officiellement, sa mission chez Air France est un "sacerdoce" que rien ne peut venir bousculer. Et après ? Le référendum, dont la valeur juridique est proche de zéro, est une belle porte de sortie. Noble et chevaleresque. Au diable les pilotes, au prochain PDG de les gérer.

Bien évidemment, tout cela n’est que simple supputation et vue de l’esprit. Mais Malraux ne disait-il pas en mai 68 au Général de Gaulle : "Fuir le combat n’est pas une traîtrise, c’est juste admettre qu’il est parfois impossible de le gagner".