Air France reconnait un sureffectif et réduit sa flotte. Le Ministre surveille

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Pour la première fois depuis un an et l'annonce de résultats calamiteux, Air France reconnait un sureffectif. La compagnie ne précise pas le chiffre dans l'immédiat, les négociations en cours depuis le mois de mars sur l'organisation et les conditions de travail se poursuivent avec les organisations syndicales. Mais la réorganisation va entrainer d'autant plus de réductions de postes parmi les 53 000 salariés que la compagnie annonce le retrait de 34 avions de sa flotte d'ici 2014, hors Transavia France qui elle, au contraire, voit ses activités boostées. Les compagnies régionales vont par ailleurs être regroupées.

Air France reconnait un sureffectif et réduit sa flotte. Le Ministre surveille
C'est par un long communiqué qu'Air France a fait le point de ses orientations après le Comité Central d'Entreprise qui s'est tenu ce jeudi pour dévoiler le deuxième volet du plan Transform 2015. L'intention est claire et confirmée : "Air France a fait le choix de maintenir les grandes lignes de son périmètre d’activité, ce qui passe, compte tenu de la situation financière de la Compagnie, par une amélioration de 20% de la productivité et de l’efficacité économique". Le projet industriel et stratégique d’Air France, résultat des travaux de sept groupes de projet, se décline en cinq axes :

1 - Restructurer l’activité court et moyen-courrier
Pour retrouver sa compétitivité, l’activité court et moyen-courrier du Groupe Air France, aujourd’hui fortement déficitaire, va se restructurer autour de trois pôles complémentaires : Air France, un pôle régional français et Transavia France.
• L’activité court et moyen-courrier exploitée en moyens propres par la compagnie Air France comprendra les vols alimentant l’activité long-courrier du hub de Paris-Charles de Gaulle, les lignes à forte clientèle affaires en France et en Europe ainsi que les vols au départ des bases de Marseille, Toulouse et Nice.
• Le pôle régional français rassemblera les compagnies Regional, Britair et Airlinair. Celles-ci exploiteront des vols vers le hub de Paris-Charles de Gaulle pour le compte d’Air France, ainsi que des vols point-à-point au départ de Paris-Orly et du réseau domestique, hors bases.
• Le pôle « loisirs » constitué par Transavia France exploitera des vols vers des destinations européennes et du bassin méditerranéen au départ de Paris-Orly et de métropoles régionales (hors Marseille, Nice et Toulouse). A l’horizon 2015-16, Transavia France devrait exploiter 20 à 22 avions, contre 8 actuellement.

Pour augmenter la productivité, la Compagnie va restructurer son réseau court moyen-courrier en s’appuyant sur les principes mis en place sur ses bases de Marseille, Toulouse et Nice : le temps d’utilisation des avions sera augmenté de plus d’une heure par jour et les équipages effectueront davantage de temps de vol par rotation. Tout en offrant le même nombre de siège-kilomètre offert et en conservant la qualité de son produit, le Groupe Air France pourra de cette manière retirer 34 avions de sa flotte court et moyen-courrier à l’horizon 2014 (hors Transavia France).
Air France va également renouveler son offre et signale qu'elle a pour objectif de proposer en classe Economy "une nouvelle offre, allégée et moins chère pour les voyageurs qui privilégient le prix, tout en continuant à proposer un produit tout compris". La compagnie veut également "augmenter la générosité de Flying Blue pour les clients fréquents du réseau domestique et proposera des offres d’abonnement sur son réseau européen".

2- Redresser et repositionner l’activité long-courrier
Sur le long-courrier, Air France entend redresser son réseau avec de nouvelles liaisons à fort potentiel, rendues possibles par la baisse des coûts et une plus grande productivité des personnels navigants. Dans le même temps la compagnie annonce qu'elle n'hésitera pas à supprimer les lignes non rentables. Elle annonce également un service Première et Business "plus personnalisé et plus proche du client", et de nouvelles cabines dans ces deux classes sur les Boeing 777 et Airbus A380 en 2014.Il devrait y avoir dans le même temps de nouveaux systèmes de distraction à bord en Economy mais ces investissements restent suspendus " à la réussite du plan d’économies".

3 - Optimiser le fonctionnement des services en aéroports et l’efficacité économique des escales
Air France annonce à Paris-Charles de Gaulle de nouvelles installations et de nouveaux services au terminal 2E, dont le plus grand salon Business de son réseau. Les arrivées des vols matinaux se feront dans une plage horaire plus large pour améliorer le confort et les services rendus aux passagers (réduction du temps d’attente au contrôle d’immigration, etc.).

4 - Accélérer la transformation du cargo
La compagnie annonce une nouvelle politique commerciale pour son activité fret et la réduction de la flotte tout cargo de 5 à 4 appareils. L’intégration complète avec KLM Cargo et Martinair sera finalisée et de nouvelles synergies seront recherchées avec les escales de province et à l’international.

5 - Développer les segments porteurs de la maintenance et optimiser l’entretien avions
Air France veut renforcer l'attractivité de son activité maintenance en développant le segment «Equipements et Moteurs» et en optimisant le segment «Entretien avions» avec des activités hangars restructurées notamment.

Dans la foulée la compagnie le reconnait pour la première fois noir sur blanc : "Sur la base de ce projet stratégique et dans le cadre des nouvelles dispositions conventionnelles en cours de négociation, il se confirme qu’Air France aura à faire face à un sureffectif". Elle précise que le volume de ce sureffectif sera précisé dans la deuxième quinzaine de juin avec l'objectif d'éviter le recours aux départs contraints.

De son côté le nouveau Ministre des transport Frédéric Cuvillier vielle et précise qu'il "suivra de près la situation de l'entreprise et de ses 53 000 salariés". Aucune information n'a filtré de sa rencontre, jeudi 24 mai, avec Alexandre de Juniac. Sans doute une mise au point ministérielle qui a fait savoir au patron de la compagnie que les licenciements secs étaient inenvisageables.