Air France : un accord avec le SNPL débloque le B787

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Trois accords ont été signés ce lundi 28 mai par la direction d'Air France et le syndicat des pilotes SNPL. Non sur les salaires, mais sur la gestion des appareils. Les pilotes gardent ainsi la main et font plier leur direction. La loi du plus fort ?

Ce sont des accords à l'essai mais dans les trois cas, les pilotes ont de fait dicté leur loi sur deux et ne risquent pas grand chose sur le 3ème. Pour commencer, le B787. Livré à Air France il y a un mois, il y avait blocage sur la formation des pilotes, le SNPL ayant refusé de prolonger un accord antérieur. Et il n’y avait plus assez de Commandant de bord formés, ce qui a contraint la compagnie à bloquer l’appareil au sol. Une situation qui coûtait une fortune (on parle d'un million d'euros/mois), conduisant Air France à envisager de louer l’appareil à Air Austral. Finalement l’instruction pourra reprendre avec un accord validé pour 6 mois. Les B787 (il y en a 6 dans la flotte aujourd’hui) vont pouvoir reprendre leur envol. L'accord est valable jusqu'au 31 mars 2019 et permettra de former 7 commandants de bord et 10 copilotes par avion.

Si le 787 était devenu un enjeu, c’est parce que les pilotes voulaient absolument avoir une voix prépondérante sur un autre dossier, celui des "retours d’expérience" au sein d’une commission dédiée après des incidents en vol. Ils ne l’ont pas obtenu mais de fait, on imagine mal la compagnie noter "acceptables" des manquements aux règles de sécurité que les pilotes jugeraient "inacceptables", et inversement.

Troisième dossier, la direction d’Air France et les syndicats de pilotes se sont mis d’accord sur l'utilisation de données de vols. Cet autre retour d’expérience va permettre de créer un outil pour mieux gérer la maintenance des appareils mais aussi mieux évaluer leur consommation en carburant. De fait, tout le monde va y gagner.

Cela peut sembler anodin mais ces 3 accords techniques illustrent parfaitement le climat d’hostilité qui règne au sein de la compagnie et la volonté absolue des pilotes d'imposer leur loi. Forts du résultat du référendum, ils ont enfin entendu la grogne qui retentissait chez certains de leurs membres, en particulier les pilotes qui voulaient accéder à la qualification sur les B787. Ils ont donc négocié durement toute la journée de vendredi, mais ces accords ne révèlent pas un changement de ton. Ils reflètent plutôt le fait que les pilotes sont, comme ils le voulaient, au centre du jeu.