Alexandre de Juniac quitte Air France pour l’Iata… Qui pour le remplacer ?

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Le Conseil des gouverneurs de l'Iata, composé d'une trentaine de dirigeants de compagnies aériennes, offre une piste d'atterrissage au patron d'Air France / KLM qui prendra au mois d'août la succession de Tony Tyler, Directeur général de l'Association mondiale des compagnies aériennes, dont le mandat arrive à échéance cet été.

Renouvelé en 2015 pour 3 ans, Alexandre de Juniac quitte le groupe Air France/KLM pour prendre la direction générale de l'association internationale du transport aérien (IATA). C'est la première fois qu'un Français prend la tête de cette institution qui plaide en faveur d'une plus grande libéralisation du ciel.

A 53 ans, Alexandre de Juniac prend un nouveau tournant dans sa carrière. Après Thalès puis un poste de Directeur de cabinet à Bercy auprès de Christine Lagarde, il retrouve un rôle politique, car c’est essentiellement de cela et de lobbying qu’il s’agit à la tête de l’Association mondiale des compagnies aériennes. Polytechnicien et énarque, il devrait y trouver ses marques. Le communiqué de l'Iata est ici.

Arrivé en 2011 à Air France, dans un premier temps à la tête d’Air France puis à la tête du groupe après le départ de Jean-Cyril Spinetta, il lui a beaucoup été reproché de ne pas connaître l’aérien mais surtout de ne pas avoir de vision stratégique pour sa compagnie. Il aura cependant – dans la douleur sociale notamment – mis en place le plan d’austérité Transform 2015 en parallèle d’une politique de montée en gamme. Il reste que le groupe, surtout du côté d’Air France, manque toujours cruellement de compétitivité vis à vis de ses concurrents. D'où un nouveau plan Perform 2020 qui débute à peine. Le départ du patron du groupe changera t-il l'ambiance des négociations ?

Présenté comme le redresseur des comptes de de la compagnie (en oubliant le sérieux coup de pouce du prix du pétrole), le patron d’AF n’avait d’autres choix que de partir avant l’arrivée d’un ciel bien plus sombre. Et la liste des problèmes qui s’annoncent est longue : bronca du personnel au sol, principalement sur les pistes, rejet par les pilotes des dernières propositions de la direction, renégociation difficile des conventions avec les PNC. Bref, Alexandre de Juniac doit être soulagé. A l’évidence, il n’avait pas su fédérer autour de ses projets et sa côte de popularité était au plus bas.

Pour le remplacer à la tête d'AF/KLM, le jeu des pronostics est engagé. On parle à l’évidence du patron d’Air France, Frédéric Gagey. Certains doutent qu'il ait la capacité à fédérer les deux compagnies car il est souvent mis en cause au sein d'Air France même, avec le même reproche  qu'à de Juniac, le manque de stratégie globale et lisible.
Le retour de Guillaume Pepy dans la course ? Pourquoi pas. Il veut quitter SNCF et reste le candidat naturel de beaucoup de membres du gouvernement actuel. Nouvel entrant dans ce jeu des prévisions, Alexandre Bompard, l’actuel patron de la FNAC connu pour ses qualités de négociateurs.

Quant à Air France, si les changements sont plus profonds, le retour de Lionel Guérin dans la liste des pressentis est loin d’être idiot. Les pilotes le respectent, il a été l’un des leurs, tout comme le personnel de la compagnie qui le juge à l’écoute du terrain. Une qualité que n’avait pas de Juniac, jugé parfois distant et hautain. Bref, avec ce départ, tout le monde semble ravi… Y compris Alexandre de Juniac.