Amex GBT: mais où sont donc les nouvelles technologies annoncées en janvier dernier ?

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GBT/Egencia, TripActions/Reed & Mackay, etc (2/2) - L'enjeu

On attendait pour le mois de juin dernier les premières annonces des choix technologies que devait faire Amex GBT pour séduire ses clients. Las, rien n’est encore fait et selon nos sources aux USA, les décisions ne sont pas encore toutes prises. Les raisons seraient simples: une bonne partie des outils susceptibles d’intéresser Amex GBT serait déjà présents ou proches de l’être chez les concurrents.

A quoi vont servir les millions de dollars de trésorerie obtenue par Amex GBT lors de la signature de la Joint-Venture ? "A acheter des comptes via des signing bonus éhontés" estiment, un peu jaloux les concurrents. Dans la réalité, cette vision n'est pas tout à fait fausse. "On ne saurait s'installer de façon pérenne avec un grand compte sans s'engager sur la capacité à optimiser les coûts via des technologies réellement compétitives", souligne le patron des achats de l'une des toutes premières entreprises françaises du luxe. Sur le fond, rien à redire mais en cette période de best buy, toute économie est bonne à prendre, y compris celles proposées par les TMC pour offrir des fees les plus bas possibles.
 
Mais ne nous y trompons pas, Amex GBT n'a pas inventé le signing bonus. Tout au plus elle le pousse à l'extrême, en rendant la signature du compte attractive pour le budget "déplacements professionnels" de l'entreprise cliente. Selon une étude européenne, la pratique serait proposée de plus en plus souvent depuis 2006 et ce, par tous les types d'entreprises dont l'action est basée sur l'intermédiation. Principaux acteurs du coup de pouce à la signature, ceux dont les métiers autorisent la numérisation à outrance des services. Le voyage d'affaires est de ceux-là.

Pour autant, l'acquisition de grands comptes, comme Danone par exemple, ne saurait se faire sans une réelle refonte technologique du back office. Un point sur lequel Amex GBT a toujours été critiqué par ses clients. Seule certitude, il n'est pas facile d’innover dans un monde ou le temps technologique va vite ! Entre rachat de start-up innovantes et développements de produits « propriétaires », la composante essentielle de la réussite reste toujours la même : le délai de concrétisation entre l’idée et le produit. Et à ce niveau, les concurrents d’Amex GBT sont des rapides. Que ce soit du côté de CWT ou d’Egencia, les annonces, sans être révolutionnaires étaient nombreuses en cette rentrée 2015. Idem pour Concur qui, lors de la journée Fusion Exchange, a démontré que l’open-booking est loin d’être un échec comme l’affirment certains consultants européens. Même les petites structures sont de plus en plus agiles. 3mundi et Sam, iAlbatros et l'intégration de l'intelligence artificielle ou Amadeus et son outil de "end to end" aux graphismes poussés et à l'accès intuitif.

Difficile d'être innovant dans ces conditions. Si Amex GBT a veillé à assurer un recrutement qualitatif pour ses développements, il lui faut aujourd'hui démontrer que la TMC a changé même si bon nombre de ses gros clients américains lui sont restés fidèles. C'est tout l'enjeu de cette fin d'année 2015 en Europe ou les concurrents se sont accaparés de beaux budgets malgré le redressement engagé par Guillaume Col, le nouveau boss français de l'agence de voyages. Et, sans doute pour appuyer l'importance du commercial, Elyas Mrad, General Manager EMEA affirme aujourd'hui que la techno "n'est pas une fin mais un moyen". Vision prudente pour ne pas s'engager plus. D'autant qu'à ce jour, les Anglais, jaloux des succès français et toujours très proches des USA, ne sont pas forcément prêts à tout accepter de Paris. De là à imaginer que le temps joue pour eux...
 
Face à l'absence de technos innovantes, les rumeurs vont bon train aux USA où l'on évoque un possible retrait de Philippe Chérèque en charge de la techno pour le groupe. Bruits de couloir, profonde mutation de l'offre, nouvelles stratégies pour les prochains mois, tout semble pour l'heure un peu figé. Mais pendant que l'on travaille à la technologie, la vente continue. Après tout, c'est ce que voulait Bill Glenn, le patron d'Amex GBT. Et à ce niveau, l'objectif est quasi atteint.