B737 Max: Il ne faut pas jouer à la roulette russe

185

Les commentaires et les analyses vont bon train et les 737 MAX sont toujours cloués au sol. Mais peut-on expliquer clairement la vraie problématique ? Eh bien la réponse est oui et elle s’appelle la BH (en clair, la bêtise humaine !)

Dans les deux derniers accidents, la sonde mesurant l’angle d’attaque (AOA) est certainement en cause et est l’élément déclencheur d’une cascade d’événements. Le problème lié à cette sonde est bien connu par Boeing qui travaille dessus depuis de nombreux mois. Mais le plus aberrant c’est que contrairement aux Airbus, le 737 MAX ne dispose que d’une seule sonde AOA (capteur d'incidence alimentant en information le système anti-décrochage dit MCAS), pourtant système critique, et que le dispositif permettant d’indiquer une non fiabilité de ce capteur est… optionnel !

Un 737 MAX coûte entre 100 et 115M€ (prix catalogue en fonction des options) mais il se négocie aux alentours de 52 à 62 M€ soit une réduction d’environ 50%. La négociation de ces appareils et un véritable jeu de massacre qui se termine donc par des vies gâchées. Tout ça pour quelques %… Quant aux passagers, ils craignent maintenant le 737 car ils découvrent tous les jours une nouvelle surprise (manque de formation, ignorance des signaux faibles, mauvaise interface homme/machine…).

Le mal est fait et va donc jeter un discrédit sur une industrie réputée fiable et pourtant, le besoin de mobilité fait que l’éponge sera passée dès que la tempête s’éloignera. Le titre Boeing est passé de US$440 à US$370 et est maintenant stable. Même si des compagnies annulent des commandes, l’horizon reste clair pour les avionneurs et il est fort à parier que le titre reprendra son rallye haussier. Pourquoi ? Parce que Boeing à 5000 737 MAX en commande et qu’aucun avionneur ne peut absorber un tel volume.

Le titre Boeing à une courbe qui ressemble à la courbe d’altitude des deux appareils accidentés mais la fin sera nettement plus heureuse pour les actionnaires qui auront compris qu’il y a un coup à faire sur ce titre…

En conclusion, il faut toujours faire la différence entre la négociation et le marchandage. Dans la négociation, il y a 3 gagnants (le vendeur, l’acheteur et l’utilisateur). Dans le marchandage, il n’y en a qu’un (le vendeur ou l’acheteur. L’utilisateur est, dans ce cas, toujours perdant).

Dans l’analyse de vos besoins et l’analyse des leviers, ne négligez jamais tout ce qui touche à la sécurité des biens ou des personnes et n’oubliez jamais que la valeur immatérielle (la marque, la réputation…) est la première à pâtir des mauvaises analyses de coût (directs et indirects).


Yann Le Goff