Beauvais, l’aéroport en difficultés économiques

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Alors que l’aéroport de Beauvais Tillé est toujours le fief de Ryanair, on susurre à la chambre de commerce de l’Oise que l’avenir de l’aéroport inquiète les partenaires de la Sageb, l’opérateur en charge de l’exploitation. En cause, la rentabilité de la plate-forme qui ne décolle toujours pas. Un résultat net d’à peine 300 000 € en 2017 comme en 2016, bien loin de ce que devrait générer le niveau d’activité réel.

Ryanair l'affiche haut et fort, Beauvais, c’est Paris ! Mais malgré une vraie hausse de fréquentation l'an dernier (3,6 millions de passagers, inédit depuis 2011), les low cost qui arrivent sur Orly ou Roissy sont plus attractives pour les passagers. Et à des tarifs aussi bas que ceux de Ryanair. L’annulation de vols, la réduction de certaines fréquences ou la grève des pilotes de la compagnie irlandaise - qui représente 84% de la fréquentation de la plate-forme - sont autant de mauvais signaux vécus par l’aéroport ces deux derniers trimestres.

Mais si ces chiffres n’inquiètent pas le gestionnaire de l’aéroport, ils pèsent cependant sur les investissements, 70 millions, et la faiblesse de la rentabilité constatée depuis quelques années. De là à dire que Beauvais n’est pas rentable, il n’y a qu’un pas que les détracteurs s’empressent de franchir. En cause, le contrat de délégation de service que le syndicat des élus, propriétaire de l’aéroport, a renouvelé avec la Sageb jusqu’en 2023. Et c’est là que la question se pose : y aura-t-il un financement public pour assister l’aéroport en cas de pertes ?

Mais le point noir, du moins la critique la plus féroce formulée sur Beauvais, vient de l’importance des efforts économiques consentis par l’exploitant aux compagnies aériennes. Ces avantages, qui ne sont pas au goût de la Chambre régionale des comptes, représenteraient entre 70 et 85 millions d’euros ces 6 dernières années. L’aéroport de Beauvais ne cache pas que les négociations engagées pour faire venir de nouvelles compagnies sont plus lentes que prévu. Mais l’opérateur ne désespère pas, la plate-forme est attractive et la gestion des transports en commun vers Paris s’est nettement améliorée ces dernières années.

Avec moins de 4 millions de passagers en 2016, un chiffre qui continue de baisser en 2017 (3,6), Beauvais doit rapidement trouver une solution pour rentabiliser les équipements et redevenir rentable ce dont doutent aujourd’hui les investisseurs publics mais également Transdev ou Veolia dont la participation au capital n’est pas, selon des sources locales, le meilleur investissement réalisé ces dernières années.