CWT Digital Campus, une vision trop futuriste pour certains acheteurs

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Présent à l’occasion du CWT Digital Campus, l’auteur de ce texte n’a pas souhaité dévoiler son identité. Mais pour lui, une grande partie des présentations tenaient plus de l’exercice de style que de la réalité quotidienne de l’acheteur. Et de demander face à l'excellence des thématiques abordées : " A quand la prochaine édition"

La conférence sur le prédictif présentée en clôture de cette conférence est, selon notre acheteur, « un bel exercice technologique à la finalité un peu floue ». Pour lui, cela fait des années que les compagnies aériennes et les hôteliers maîtrisent la gestion du prix en fonction du lieu, des dates et des besoins professionnels. Conséquence directe, l’adaptation tarifaire au meilleur prix enrichira les TMC bien plus que les entreprises et ce, quel que soit l’outil utilisé.

Nous vous livrons ici ses réflexions qui, bien évidemment, n’engagent que lui.

« Dans l’univers de la réservation anticipée, tout ou presque a été dit. Tout et son contraire. D’autant plus que dans le voyage d’affaires, si l’anticipation est le Saint Graal à atteindre, la réalité du terrain est loin de coller aux modèles de laboratoire. Avec, dans l’univers de la maintenance, des départs à 48 heures, analyser une variation tarifaire tient du gadget plus que du besoin. D'autant plus quand les voyageurs ne sont pas sur site mais répartis dans l’Europe entière. J'ai aimé la présentation de Régis Pezous, (NDLR : directeur product Incubation chez CWT), mais avec celle sur l'intelligence artificielle on se demande comment, quand et à quels prix les applications concrètes deviendront une réalité utilisable en entreprise. J'ai le sentiment que l'expérimental séduit les geek mais rend perplexe les acheteurs. Une vision partagée par mes voisins.

Au-delà de l’efficacité technologique, c’est la gestion de la data économique qui est complexe. Établir un prix avec un dossier analytique pour chaque voyage conduit l’acheteur à piloter son budget au moment de la réservation et d’en figer le coût. Certes, on peut s’appuyer sur l’expérience de la TMC pour connaître les variations de prix mais il est difficile de construire une politique voyage sur un flou. CWT nous dit que plus de 60 % des clients américains ont pu réaliser des économies grâce à une start-up qui analyse et étudie via l’intelligence artificielle les variations tarifaires. Je n’en doute pas mais cette approche est-elle exploitable par toutes les entreprises européennes ? Je demande à voir et je serais ravi d’être convaincu car, de fait, les économies seront alors au rendez-vous.

Autre constat, quand on achète sur le marché américain, la volatilité du yield est plus marquée. Sur des réservations à plus de 7 jours, on peut aisément atteindre un taux de conversion élevé avec des écarts de prix qui vont de 2 à 12 %. Enfin, les fournisseurs sont-ils assez stupides pour ne pas chercher à contrecarrer les outils qui visent à réduire le prix de leurs offres ? J'en doute.

Que faut-il penser de l’initiative de CWT ? Qu’elle est passionnante et innovante, c’est évident. Nul doute qu'elle permet une réelle avancée autour des sujets phares du déplacement professionnel. Que devons nous en penser, nous les acheteurs :
- Que les promesses d’un tarif flexible adaptable à la baisse est une formidable avancée et que nous serons les premiers à l’utiliser.
- Que le prédictif ne doit pas tenir de la seule boule de cristal, fut-elle développée par un ordinateur intelligent.
- Que nous souhaitons que les économies réalisées via les technologies soient répercutées sur les fees en raison de l’automatisation de la data.

Faute de quoi, l’argument du coût technologique qui nous couterait plus cher pour payer moins, serait un simple exercice intellectuel. Nous parlons d’argent et d’économies. Là, le pari est plus complexe ».