Carte Vermeil, le retour ?

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La consultation de la base marques de l’INPI apporte des surprises ! SNCF vient de déposer le nom de sa vénérable Carte Vermeil. Une carte qui n’existe pourtant plus sous ce nom là depuis 1990, remplacée par la Carte Senior puis Senior + en 2012. Mais dont le nom initial est resté dans la mémoire collective.


Il en est de la Carte Vermeil à la SNCF, ce qu’il en est des Frigidaires pour les réfrigérateurs, du Scotch pour le ruban adhésif ou du Choco BN pour les biscuits. Une forte notoriété, une référence même à tel point qu’il n’est pas rare encore aujourd’hui qu’un voyageur demande sa Carte Vermeil aux comptoirs de vente des gares et des agences de voyages.

Une carte de réduction souvent perçue à tort comme un tarif social. Il ne s’agit pourtant que de politique commerciale. A la différence par exemple des tarifs Familles Nombreuses, billets de Congé Annuel ou encore Visites aux tombes , pour lesquels l’établissement public perçoit une compensation financière (pingre), parfois assimilée de manière injuste à du déficit.

Pourtant, dans le passé, on a vu la Carte Vermeil soumise à décision souveraine et unilatérale venant de haut lieu. A sa création, la SNCF proposait cette réduction sous conditions d’âge différentes pour les hommes et les femmes (65 ans pour les premiers, 62 ans pour les secondes). C’est François Mitterrand, Président de la République, qui somma la SNCF d’aligner hommes et femmes sur la même condition d’âge et de tenir compte de l’abaissement de l’âge de la retraite qui venait d’être décidé sous son premier septennat (60 ans). La SNCF s’inclina, même si ça ne faisait pas son affaire par la dilution tarifaire amplifiée (utilisation de ce tarif à vocation loisir à des fins de voyages à but professionnel, réputés pouvoir se vendre plus cher). C’est resté un exemple de l’intervention directe de ses tutelles dans la politique commerciale de l’entreprise publique.

Nous laisserons nos lecteurs apprécier si c’est bien… ou pas bien. Mais comme quoi quand on veut, on peut !

Carte Vermeil, le retour bientôt probablement. Sinon à quoi bon avoir décidé un matin au sein de SNCF Mobilités de déposer la marque ? A moins que ce soit pour empêcher un futur concurrent de faire prospérer à son compte cette pépite ? Tous les coups sont peut-être permis.

Ce retour effectif du nom dans les offres commerciales de la SNCF fera assurément le moment venu l’ouverture du journal télévisé. Comme à chaque fois que la SNCF touche à ses tarifs ou recadre sa politique commerciale. Si l’entreprise s’irrite d’être sous trop haute surveillance médiatique, force est de constater qu’elle en tire quand même profit par la diffusion rapide auprès du grand public de la moindre de ses initiatives. Rares sont les entreprises qui peuvent bénéficier de tels relais qui représentent autant de frais de communication ou de publicité économisés.

Les politiques mercatiques sont souvent impénétrables. Mais, comme il se dit au sein de la SNCF : faire et défaire c’est toujours du chemin de fer.

Et si les voyageurs d'affaires de plus de 60 ans prenaient le train pour leur entreprise avec une carte sénior ?

PAT