Comment se faire comprendre en Chine ?

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Il n'est pas toujours facile de se faire comprendre dans un pays dont on ne maîtrise ni les codes ni la langue, et pas même les chiffres ! La Chine a en effet ses propres signes pour indiquer les quantités, et il est possible de compter jusqu'à 10 avec une seule main ! Décryptage avec notre spécialiste.

Pour tenter sa chance professionnellement en Chine ou avec des Chinois, il faut avoir une idée de la façon dont s'est développée l'écriture, maîtriser les bases de la prononciation du mandarin  (dominant en Chine) et connaître les chiffres locaux qui ne sont pas arabes.

Il ne s'agit pas d'essayer de vous faire parler couramment à la lecture de cette seule introduction. Certains pour y arriver consacrent leur vie entière. Le mandarin est une langue difficile, notamment à l'écrit. Elle n'a pas d'alphabet ! Donc pour mémoriser les milliers de caractères mieux vaut débuter son apprentissage jeune. Il faut retenir que les caractères de l'écriture sont appelés des sinogrammes. Chacun représente une syllabe. On peut estimer leur nombre entre 40 000 et 80 000. Le chinois courant nécessite la connaissance de 2000 à 4000 sinogrammes, mais seulement 1000 caractères suffisent pour lire 90% des publications courantes.

A moins de séjourner longuement dans le pays ou d'être pris de passion, il n'est pas nécessaire d'apprendre à écrire pour réussir dans votre démarche professionnelle...mais pour une question de culture générale qui sera localement appréciée, retenez que les caractères traditionnels ont été simplifiés dans les années 50.
 
Comment chercher un mot dans un dictionnaire sans l'aide de l'alphabet ?!
Les sinogrammes utilisent souvent des "clés". Les clés sont des sinogrammes particuliers car ils ne peuvent être utilisés seuls. On dénombre actuellement 214 clés dans les dictionnaires chinois. Par exemple, on retrouvela clé de la parole dans les sinogrammes 说 (parler) et 语 (la langue vivante). Pour chercher la signification d'un caractère dans un dictionnaire, il faudra s'aider des "clés" ou bien s'aider du nombre de traits (à condition d'être capable de les identifier). Un index des caractères rangés en fonction de leur clé ou bien de leur nombre de traits renvoie vers la page où se trouve la signification du sinogramme.
 
Le Pinyin
Les chinois afin de sortir de l'isolement accentué par l'hermétisme de l'écriture ont eu la bonne idée de la transcrire à l'aide de l'alphabet latin. Ainsi 北京 impossible à lire sans avoir appris le chinois devient : Bei Jing (capitale du nord), ouf ! Dans les grandes villes, toutes les plaques indiquant le nom des rues sont "sous-titrées" en pinyin permettant à un étranger non sinophone d'avoir une idée de l'endroit où il se trouve. Bien pratique. Mais il faut savoir que la simple prononciation à la française du pinyin ne permettra généralement pas à un chinois de comprendre. Car rien n'est simple au Pays du Milieu et chaque syllabe (sinogramme) est affectée d'une mélodie tonale (un ton). Il en existe quatre plus un neutre. Les exemples qui suivent font comprendre l'importance d'une bonne prononciation afin d'éviter toute confusion :
妈  mā  = maman / 麻 má  = chanvre / 马 mǎ  = cheval / 骂 mà = insulte / 吗 ma = particule interrogative.
 
Le contexte vous aidera. Si vous demandez à votre interlocuteur citadin des nouvelles de son "cheval" au lieu de sa "maman", il comprendra et ne vous en tiendra pas rigueur. La maîtrise de ces tons est indispensable pour parler correctement le chinois. Ils sont la hantise des étudiants. Seul la pratique régulière de la langue et de préférence en Chine permet le succès. Mais il faut savoir que la Chine est immense et les accents nombreux, et que les chinois quelques fois ne se comprennent pas entre eux ! Ils ont alors recours à l'écriture commune à travers tout le pays pour se comprendre. Le savoir atténue la frustration de ne pas prononcer parfaitement…
 
Eviter les impairs
Par contre lorsqu'il s'agit du nom des principaux dirigeants politiques, de celui des grands patrons d'entreprises (surtout celui qui dirige celle avec laquelle vous souhaitez collaborer) et les noms des principales villes, il est important de soigner la prononciation. Pour y arriver, il faut simplement savoir (et retenir) que certaines consonnes et voyelles du pinyin ainsi que certaines syllabes ne se prononcent pas comme en français. Suzhou située à 100 kilomètres de Shanghai est une des plus anciennes villes, appréciée pour ses canaux et le travail de la soie. Son nom se prenonce Sou Djo. Prononçé à la française, il sera incompréhensible à un Chinois. L'acquisition d'une bonne méthode d'apprentissage de la langue avant votre départ et un peu de temps passé permettront facilement de surmonter cet obstacle.
 
Dernière difficulté, les chiffres.
Ce n'est pas toujours à tort que l'on prête un esprit compliqué aux chinois. Ils auraient pu adopter les chiffres arabes. Et bien non, ils ont les leurs...mais cette fois la différence va plutôt dans la simplification :
Ainsi il est possible de compter jusqu'à dix en utilisant une seule main. Par contre attention à ne pas confondre deux avec huit ! La maîtrise des chiffres est indispensable  pour lire une date, un prix, un horaire. Si vous voyagez au Japon vous en tirerez bénéfice car ce sont les mêmes.

Avec cette rubrique se conclut cette introduction à la manière de réaliser des affaires en Chine. Les conseils donnés sont des incontournables si l'on veut faire les choses sérieusement et mettre toutes les chances de son coté. Pour ceux qui voudraient en connaître plus ou bénéficier d'une assistance, l'auteur est à leur disposition (via Déplacements Pros, [email protected]).
 
Jean Tuan