Environnement : Allons nous vers l’émission Zéro ?

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L'avion est de plus en plus critiqué pour la pollution qu'il génère et pourtant nous allons voler et nous déplacer de plus en plus. Heureusement, les choses bougent et les chercheurs innovent pour nous proposer les concepts de demain qui n'a, au final, jamais été aussi proche

 

Les émissions polluantes sont une problématique avérée

L’aviation mondiale génère environ 2,5 % des émissions totales de dioxyde de carbone. C’est peu même si ce pourcentage est destiné à évoluer car le nombre de kilomètres parcourus par passagers croît d’environ 4,5 à 5 % par an. Les hommes et les femmes voyagent de plus en plus souvent, de plus en plus loin, et ce, quel que soit le continent ou le pays. Près de 40 millions de vols sont opérés par an soit plus d’un décollage par seconde.

Dans les statistiques montrant la production de dioxyde de carbone par société, vous ne verrez pas l’ombre d’une compagnie aérienne et c’est tout à fait normal, car un avion de ligne de dernière génération consomme entre 3 et 4 litres de kérosène aux 100 km par passager et le tout à une vitesse supérieure à 850 km/h. Certes, il y a toujours des progrès à faire, mais il ne faut pas éclipser les énormes progrès réalisés par les constructeurs. Par contre, regardez bien le graphique joint. Vous constaterez que les problèmes ne sont pas là où beaucoup les croient et avant de penser à ne plus voyager, il faudrait réduire de façon drastique la consommation d'énergie...électrique dont le chauffage est un des premiers postes. On comprend mieux au regard de ce graphique la raison pour laquelle les acteurs industriels et politiques de notre pays défendent si ardemment le réacteur nucléaire EPR qui coûte aux contribuables une somme colossale qui aurait pu être dédiée aux recherches liées à la protection des personnes et de l'environnement.

Il n'y a pas de recette miracle

Les vrais écologistes savent que le dioxyde de carbone n’est qu’une partie infinitésimale des gaz à effet de serre. La vapeur d’eau, l’oxyde d’azote, le monoxyde de carbone, les hydrocarbures, le dioxyde de soufre et les particules fines (PM10 et PM2,5) produits par toutes les activités humaines sont de vrais problèmes. Mais peut-on tout remplacer par de l’électrique ? La réponse est non car cette énergie est produite à partir d’énergie fossile ou d’énergie nucléaire produisant des déchets infiniment plus dangereux pour l’humanité… Heureusement, les constructeurs et les équipementiers prennent en considération la pollution avec le plus grand sérieux et innovent sans retenue.

C'est ainsi que IATA (association internationale du transport aérien) montre dans une vidéo les différents axes actuellement étudiés. Nul doute que le salon du Bourget de cette année montrera de nombreuses études permettant la réduction d'émission des gaz à effet de serre. Comme dans tous ces exercices, il y aura du sérieux et du farfelu mais qu'importe car il n'y a jamais de mauvaises idées, il n'y a que des innovations qui font avancer les choses et ça, on ne peut que s'en réjouir.

Les Hollandais n'attendent plus

Que penser du projet Flying-V lancé conjointement par KLM et TU Delft (Faculty of Aerospace Engineering at Delft University of Technology) ? Le design révolutionnaire proche de l’aile volante inventée par Northtrop a été présenté à la réunion annuelle de IATA à Séoul.

La conception de l’avion en forme de V intégrera dans les ailes la cabine commerciale, la soute et les réservoirs de carburant. Sa forme et son poids réduit devraient permettre de consommer 20% de carburant en moins que l’avion le plus moderne. Un modèle à l’échelle volante et une section pleine grandeur de l’intérieur du Flying-V seront officiellement présentés aux journées de l’expérience KLM à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol en octobre à l’occasion du centième anniversaire de la compagnie néerlandaise.

KLM, a l’objectif de réduire les émissions de dioxyde de carbone de 35% d’ici fin 2030. La chronologie du projet prévoit qu’un modèle de test sortira en octobre 2019. L’objectif de ce modèle réduit sera de vérifier si le Flying-V peut rester stable et fiable tout en étant piloté à basse vitesse lors des phases de décollage et d’atterrissage.

Mais ne nous trompons pas, le Flying-V est surtout une plateforme destinée aux chercheurs afin d’étudier des solutions permettant d’améliorer l’expérience des passagers. Ainsi, la disposition des sièges dans les ailes, la conception des sièges et les commodités feront l’objet d’études approfondies. Tout doit être aussi léger que possible, afin de maximiser le gain d’efficacité du concept.

Tous les avionneurs travaillent sur l’avion du futur dont l’aile volante semble faire l’unanimité. Mais le seul qui aura vraiment à dire, c’est le passager qui devra avoir envie de monter dans une telle machine et là, il va y avoir du travail… Beaucoup de travail !

Yann Le Goff